Parano à Candy-Land 2 : La carte des délinquants sexuels

Frank Thomas vit à quelques rues de chez moi. Il a une cicatrice sur la joue droite. Il est blanc. Il mesure 1m86 et pèse 82 kilos.

En 1973, il a été condamné à 29 ans de prison pour viol.*

Je ne l’ai jamais rencontré Frank Thomas. Ni lui, ni aucun des 17 délinquants sexuels qui habitent près de chez moi, d’ailleurs.

Il m’a suffit qu’une simple visite sur le site internet du registre régional des délinquants sexuels pour obtenir toutes ces informations.

A partir de n’importe quelle adresse, on peut obtenir une carte localisant le domicile des délinquants sexuels du voisinage.

Chaque point sur la carte relie à un profil détaillé des anciens délinquants sexuels avec photographie, âge, taille, poids, race, pointure, cicatrices, tatouages, crime, date du crime, adresses depuis la mise en liberté…

Il existe aussi un registre national des délinquants sexuels.

Ces fichiers existent depuis 1996.

Choquant? Terrifiant? Violation des libertés? Je suis bien d’accord.

Mes amis américains, eux, n’y voient aucun problème. Ils m’ont dit que cela les rassurait.

Je ne comprends pas bien l’utilité d’un tel fichier, encore moins celui de la carte: entraîner les enfants à reconnaître les anciens délinquants sexuels du voisinage?

__

* j’ai changé les noms et les informations

8 réponses à “Parano à Candy-Land 2 : La carte des délinquants sexuels

  1. Sans compter les dérives…
    http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2009/09/14/incarceree-pour-une-fellation-librement-consentie/

    En Allemagne c’est tout l’inverse. Il y a une loi qui protège les réputations des condamnés. On n’a pas le droit de citer leur nom, une sorte de « droit à l’oubli »

    mais bon ça ne fonctionne plus tellement, surtout à l’heure d’Internet.

  2. Quand on a acheté une maison, on nous a conseille de faire un tour sur cette carte afin de s’assurer que nous ne vivions pas a cote d’un délinquant sexuel. Ceux qui l’utilisent le plus sont les parents, par peur pour leurs enfants.
    Je t’avoue avoir vérifié que les voisins étaient OK quand même.

    Alors violation de liberté, oui et non. Si ça m’a toujours fait bizarre de voir les noms (et adresses) des accuses dans les journaux (le frère de mon mari en a fait les frais). J’avoue quand même que c’est rassurant de ne pas avoir des voisins avec un passe lourd. Après je n’en suis pas a analyser leur tête pour m’en rappeler si je les croisent.

    • Oui! Moi aussi ca me fait bizarre de voir les noms et adresses d’inconnus dans les journaux. Ca marche pour les accuses, les victimes, les morts… Et a propos d’etre rassuree, je sais pas… Si l’ambiance generale ne poussait pas a avoir peur tout le temps, on aurait pas besoin d’etre rassure (d’ou mon « parano a candy-land »)
      PS : Merci d’avoir mis un lien sur ton blog :)

  3. Voilà, grâce à Cecy que je lis régulièrement depuis quelques semaines, je suis venue en petite curieuse … d’abord parce que le titre m’a plu (et ma découverte du continent nord américain, même si c’était au Québec, a été aussi écureuil et pancakes+ sirop d’érable) et ensuite parce que j’ai des collègues qui aussi ont fait des études à Chapel Hill.
    Et je crois que je vais devenir accro, l’ambiance m’enchante.

  4. Ou comment:
    1. Générer ex nihilo un trouble du type « quoi? je suis entouré de violeurs en liberté ? ». Car franchement, qui se poserait la question si le fichier lui-même n’existait pas?
    2. Conduire de fait au « sentiment d’insécurité » et à la bienveillance face au pouvoir: « grâce à vous je sais où ils sont, je serai vigilant… »

  5. Hugo –> Yep. Abus, vengeance, punitions, peurs irrationnelles…

    Darky –> Merci! Bienvenue!

    Clem –> exactement!

  6. Moi ce que j’aime, ce sont les journaux gratuits dans les stations-services et supermachés de Durham.

    Des journaux où l’on voit exclusivement des photos de déliquants de la région, avec leur nom et leur crime, et la prime qui est attachée à leur capture.

    Comme ça, les mémés du coin ont de quoi jaser, et les désoeuvrés de quoi arrondir leurs fins de mois.

Laisser un commentaire