Lundi après-midi, j’étais encore à la bourre pour mon devoir de photojournalisme. Sujet de la semaine: feature. Je rentrais la boule au ventre à la maison, en espérant qu’une idée de photo tombe du ciel.
Sur le chemin, à vélo, sur Franklin Street, un type me sourit, la barbe crade. Comme il avait l’air d’avoir envie de discuter, je m’arrête pour partager une cigarette.
Mike a un accent britannique et des bons yeux. Je le prends en photo.
Il travaille de temps en temps comme mécanicien pour Gumby’s pizza. Cinquante ans, deux enfants, pas de taf, pas d’assurance santé, pas de maison, pas de fric.
Pendant que Mike réparait deux trois trucs sur mon vélo, Mark, un copain à lui, passe par là.
La barbe de Mark est encore plus longue, il a le visage creusé et des trous dans les mains. Il a un labrador jaune, qui s’appelle Beans, et un gros sac à dos kaki.
Beans est un chien étonnant.
Il peut sentir l’odeur des billets de banque, les trouver et les rapporter à son maître.
Je vous jure, je l’ai vu faire!
Malheureusement pour son propriétaire, Beans préfère l’odeur des billets de 1 dollar à ceux de 100.
Mark, soixante-dix ans, vit dans une cabane dans les bois de Carrboro – l’hiver, il déménage au centre d’hébergement pour SDF de Chapel Hill.
« Hey gal’! You wanna get free food? » dit Mark – (hé, tu veux de la nourriture gratos?)