Archives mensuelles : novembre 2009

Du rêve encore

Cette nuit, les dindons rescapés de la grande fête du Merci nous poursuivent avec les os de leurs congénères dévorées en guise de massues.

Des couteaux à la place des becs, ils nous tirent dessus à coup de pommes de terre rôties.

Ce n’est pas du sang qui coule de leurs blessures, mais de la sauce aux airelles. Ils sont des millions, et ils ne s’arrêtent pas de caqueter. Les dindons courent plus vite que nous.

Bon, quatre jours plus tard, le repas n’est toujours pas digéré.
Demandons pardon aux dindons. Voilà la photo :

Et si vous ne connaissez pas l’histoire, elle est là. Je me tais et je laisse Fabienne Sintès raconter (c’est la correspondante d’Inter aux Etats-Unis, blog):

« Tous les ans la veille de Thanksgiving, le président des Etats-Unis, pardonne une Dinde. […] Tous les présidents Américains ont toujours reçu une dinde offerte par un fermier. Il semblerait que George Bush Père soir le premier à avoir décidé d’en épargner une. La gracier, très exactement, du verbe « to pardon », mais je persiste à trouver la traduction en « pardon de la dinde » nettement plus drôle; même si j’imagine que c’est plutôt le président qui devrait demander pardon à cette pauvre Dinde. Quand on sait comment le volatile termine sa vie, on se dit qu’il aurait peut-être préféré passer 6 heures au four accommodé à la purée de patate. La dinde épargnée doit en effet se cogner le défilé de New York avant de finir à Disney Land.

Quoi qu’il en soit, le chef du monde ne peut pas échapper à cette tradition. Vous noterez au passage que la Dinde doit être baptisée. Celle-ci s’appelle « Courage » (il en faut !) ; vous remarquerez aussi qu’une seconde dinde est épargnée au cas où la première désignée aurait un empêchement de dernière minute.

Mardi, le président des Etats-Unis va donner le discours le plus important de sa première année de mandat. Il annoncera sa stratégie pour l’Afghanistan et probablement demandera l’envoi de 30 000 soldats supplémentaires. En attendant aujourd’hui il a donné son premier discours à une dinde.

Dur métier.

Happy Thanksgiving.

Have a nice day. »

Les détails sont là

Les suburbs sont un cauchemar de routes et de maisons trop propres.
On devine l’accumulation de choses à l’intérieur, les meubles de designer, la cuisinière Agra nickel, la télé écran plat, l’épaisseur des tapis crème, des triples rideaux, des doubles vitrages. Les signes des hobbies des propriétaires – football, cuisine, macramé, art, c’est pareil. Le tout est protégé par des systèmes de sécurité hi-tech, des alarmes voire des caméras de surveillance. Et puis les verrous, les serrures, les grilles en fer forgé, les portes blindées et les barrières en piquet blancs… et les montagnes d’anti-dépresseurs qui doivent y être gobés tous les jours.

Tout cela sur des kilomètres et des kilomètres, à l’identique de la côte Est à la côte Ouest. Objectif : American Dream. Une maison individuelle, un papa une maman des enfants un chien ET les voitures. Blanc, tout ce petit monde ; merci.

On y étouffe. Ces suburbs puent l’ennui et l’abondance.

Et les kids en crèvent d’ennui. Ils ne peuvent sortir des suburbs sans leurs parents – c’est à dire sans voiture. On ne peut pas sortir des surburbs, impossible de marcher ou de prendre son vélo. Où iraient-ils de toute façon? Il y a le choix entre l’église ou le mall (centre commercial.) Il paraît que les kids prennent beaucoup de drogues, dans les suburbs ; c’est pas l’argent qui manque, apparemment.

Et puis ils font comme Marrin, 18 ans, la petite soeur de ma coloc Corban: ils restent à la maison, devant leur ordinateur, sur facebook ou ils matent MTV, et ils s’emmerdent. Enervée de la voir taper frénétiquement des sms sur son portable toute la journée, j’ai demandé à Marrin : « Mais pourquoi tu vas pas les voir en vrai, tes copines, au lieu de leur envoyer des messages?! ». Et puis j’ai compris.

Je passe sur le gaspillage énergétique qu’un tel développement urbain implique, les heures de conduite tous les jours – absurde, absurde…

Au bout d’une demi-journée j’en pouvais plus. Je me sens souvent chez moi très vite. Ce Biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip retentissant dans toute la maison à chaque fois que j’avais le malheur d’aller faire un tour dehors (pour m’en griller une, mais pas seulement) me rendait dingue.

Et moi, un endroit dont on ne peut partir à pied, ça me fait trop flipper.
Voilà pour la tranche de cauchemar américain.

Thanks for the Indian Massacre

Thanksgiving raconté aux enfants, ça ressemble à ça:

Les Pèlerins de Plymouth, deux ans après leur arrivée en Amérique, sont à moitié morts de faim. Mais à force d’efforts, de persévérance et d’abnégation, ils réussissent finalement à faire pousser quelque chose sur leur nouvelle Terre Promise. La moisson est tellement bonne qu’ils invitent leurs voisins – quatre-vingts onze Indiens de la tribu des Wampanoag – à un grand festin. Ils remercient le Seigneur, se gavent de courgettes, de citrouille et de gâteau au maïs, prient, dansent et font la paix tous ensemble.

Aujourd’hui, Thanksgiving aux Etats-Unis, c’est d’abord un jour férié, un dîner de famille, et veille de la plus absurde orgie consumériste (Black Friday).

Thanksgiving Day peut se traduire par le Jour de la Gratitude, alors les enfants sont invités à faire des dessins de remerciement, pendant que les adultes achètent des « Thanks Cards » à envoyer à leur patron/grand-mère/amant.

Depuis 1947, le Président des Etats-Unis gracie une dinde, aussi – mais ça c’est pour le pancake de demain.

Bon, et maintenant la même histoire maintenant, en version gore.

Hiver 1609. « Les Pèlerins vivaient dans des trous creusés dans le sol. Leur faim était telle qu’ils en étaient réduits à manger de la chair d’homme et des excréments. Un Indien fut déterré trois jours après sa mort et entièrement dévoré. […] L’un des pèlerins tua sa femme pendant qu’elle dormait, la coupa en morceaux et la mangea toute entière, en laissant la tête. » (traduit des Journals of the House of Burgesses of Virginia, document de 1619 chroniquant les 12 premières années d’existence de Jamestown, ok c’est pas Plymouth mais ils devaient mourir de faim tout pareil)

Effectivement les Plymouthiens vivent plus ou moins en bonne entente avec leurs voisins les Wampanoag pendant une petite soixantaine d’années. Mais de plus en plus de pèlerins arrivent, et volent peu à peu la terre des Indiens.

En 1675, c’est la guerre, la « King Philip’s War ».

1 an, e 600 morts côté colons et 3000 côté Indiens. Villages d’Indiens massacrés, tribus entières décimées, récoltes brûlées. Les rescapés fuirent vers le nord et vers l’ouest, laissant la terre libre pour les colons.

(sources : The Britannica Encyclopedia + Howard Zinn – A People History of the United States)

Quarante-cinq millions de dindes tuées cette semaine

… dont deux finissent d’être broyées dans les 22 estomacs des personnes présentes au dîner tout à l’heure.

Je devais normalement passer les vacances de Thanksgiving chez Corban, mais ça a vite tourné au cauchemar — détails à venir.

J’ai donc appelé mon copain Christian pour qu’il vienne me sauver. Sa Ford festiva toute pourrie a soudainement pris des allures de vaisseau spatial, bravant vaillamment les lourdes grilles en fer forgé de la propriété des Davis.

Du coup, à la place, j’ai fêté mon premier Thanksgiving dans la famille de Christian- huits frères et soeurs, parents, grands-parents, oncles, tantes, rejetons divers, neveux nièces bébés et inconnus de passage, 22 personnes en tout.

Il est 2h30 du matin, je peux pas dormir tellement j’ai mangé. Gavage en continu de 16h de l’après-midi à 22h tout à l’heure, comme Noël en France, sauf que, ne l’oublions pas, everything is bigger in America, alors on mange plus et plus longtemps.

Sauce aux airelles, purée de pommes de terre, marrons et raisincs secs, patates douces, sans oublier les deux dindes et les multiples gâteaux et tourtes et tartes à la citrouille, à la pomme, aux noix de pécan, au miel, à tout ce qui est gras et sucré et bon, le tout arrosé d’une triple couche de crème Chantilly. Et des chocolats au cas où vous auriez encore un petit creux. Et trois grosses douzaines de bouteilles de vin/whisky/bière pour faire passer le tout.

Avant de manger tout ça, la famille de Christian a dit les grâces. Bon, après tout pourquoi pas. Tout le monde en cercle s’est tenu les mains (oui oui, y compris moi et mon irrepressible envie d’exploser de rire/de me barrer en courant) et fermé les yeux pendant que l’oncle remerciait Dieu pour Ses Bienfaits divers et variés (l’amour, les cuisiniers, la vie, les gens, et les dindes, donc.)

A propos de grâces et de dinde, la dernière campagne de la PETA (association de protection des animaux) a été interdite de télévision – sans blague.

‘Grace’: PETA’s Thanksgiving ad

American suburbs

Corban, une des cinq colocs de la maison verte, m’a invitée à passer Thanksgiving chez elle, plus au sud, à Charlotte. Charlotte, nous apprend Wikipédia, est la ville la plus peuplée de Caroline du Nord et le deuxième centre bancaire du pays.

Welcome to American suburbs.

La suburb où vit Corban est posée au milieu de nulle part au bord de la route nationale. Au milieu des grosses maisons serpentent des « rues »  de goudron clair où personne ne marche. Les maisons sont entourées de pelouses parfaitement entretenues et de clôtures. Devant chaque maison, la traditionnelle boîte aux lettre américaine,  et au minimum, deux voitures, des SUV à la carosserie impeccable.

Au paradis de la white picket fence, il n’y a personne dehors, aucun enfant ne joue sur les balançoires et les toboggans, qui ne semblent être là que pour décorer.

Ce matin j’ai provoqué un incident diplomatique en allant faire mon jogging. En revenant, impossible de rentrer : la grille était fermée, toutes les portes verrouillées. J’ai donc été sonner chez les voisins pour demander de l’aide, qui après m’avoir fait répéter mon histoire et décliner mon identité complète 3 fois, ont appelé les parents.

Colère de la mère de Corban. A cette occasion, j’ai appris que :

1 – On ne parle pas aux voisins

2 – On ne va pas courir sur la route

3 – TOUTES LES PORTES DOIVENT TOUJOURS ETRE FERMEES A CLEF, malgré les hautes barrières en fer forgées qui entourent le terrain, la grille, et les systèmes d’alerte – on entend « BIP » dans toute la maison à chaque fois que quelqu’un ouvre une porte. C’est un endroit DANGEREUX (j’ai pas encore osé demander de précisions sur la nature des dangers qui nous guettent)

Picture freak

Le mardi et le jeudi matin, cours de photo dans les sous-sols de l’école de journalisme.

He says he’s got a big boat

Juste parce qu’elle est pas sortie de ma tête depuis 4 jours, alors je me suis dit que j’allais vous faire partager l’obsession.

M. Ward from Portland, Oregon, n’est pas du genre à produire des vers d’oreilles, pourtant.  Il fait de la bonne musique.

Sinon, le grand déballage de gâteaux à la citrouille et de dindes fourrées a commencé. Tout à l’heure on a tous mangé chez Bill, un copain de Dylan, Christian & co, qui porte un collier de crânes d’écureuils (en plastique), un caméléon sur le mur, avec des lunettes. Miam.

Pourquoi Roxanne Turpen est magique

Quelque part entre le lutin et le soleil, il y a Roxanne Turpen.

Voilà, c’est elle.

Roxanne est belle. Incroyablement vivante. Et surtout, elle a un talent fou.

Roxanne est photographe. Un peu peintre aussi, elle aime les chèvres et les gens et les enfants. Tout juste 23 ans, déjà quarante vies.

Voilà, regarde, c’est ça qu’elle fait, entre autres.

Alors toi qui n’en peut plus de la pluie de novembre et de l’odeur du métro, vas-y, cours, remplis toi les yeux des lumières et des rêves de Roxanne, ça émerveille.

C’est là : http://www.roxanneturpen.com/index.html

Dans la série de photos « Orange Road », c’est ma coloc Jen qui pose.

Roxanne promène son aura géante et rouge dans des champs de blés un après-midi à la fin du printemps. Elle garde des traces de bisous sur les joues.

Roxanne conduit comme si elle t’emmenait au bout du monde. Elle met un disque génial très fort – elle chante et puis elle raconte une histoire, elle rigole, et ça y est, on est arrivés à l’autre bout de la terre. Sa grande soeur aussi est photographe, elle fait de très belles photos de mariage – c’est à dire naturelles: http://www.tracyturpen.com/

Roxanne a de la vie plein des mains, qu’elle répand en étincelles magiques un peu partout sans trop s’en rendre compte. Un mardi matin, juste avant de prendre l’avion pour la République Dominicaine, Roxanne dansait comme un démon dans ma cuisine, et moi avec elle.

Comment je la connais? Comme tout le monde, elle a atterri dans ma vie et puis elle est repartie, en laissant des traces de poudre de fée clochette. Roxanne habitait dans la maison verte de Bim Street l’année dernière, elle vivait dans la chambre que j’occupe. C’est la meilleure amie de Jen. Parfois elle s’arrête à la maison, pour faire une pause entre Washington et Asheville.

Rien que l’année dernière, elle est allée à Hawaï, en Alaska, en Argentine, au Chili, en Bolivie et en Australie.

Le genre de personnes à qui on veut tout donner. Confiance instantanée.
C’est pour cela que ses photos sont si bonnes. Regardez ses portraits… C’est pas une histoire de technique, c’est pas chimique, c’est une histoire d’humanité. C’est peut-être ça, le secret des grands photographes. A n’en pas douter, elle en est une.


credit for all the pictures: Roxanne Turpen.

Grippe cochonne.

Juste au cas où vous sauriez pas comment on fait pour se laver les mains.

A part ça :

– en prenant un rendez-vous électronique avec la responsable des échanges universaires, un message d’alerte s’affiche « Attention ! Aucun étudiant souffrant de la grippe H1-N1 ne sera autorisé à se rendre au Fedex Global Education Center »

– nombre de distributeurs de désinfectants par mètres de mur : 2

– deux fois par semaines, mail officiel de l’université faisant de la pub pour leurs campagnes de vaccination gratuite.

Sinon, c’est vraiment génial pour rester au lit lire des bouquins au lieu d’aller à l’école « Dear Professor X, I feel sick today, I have fever and I’m afraid that may be the swine flu… I don’t want to contaminate anyone, so I think it’ll be wiser to stay home today. What do you think? Sincerely,  » Réponse : « Sure ! Take care! Professor X »

I wanna do bad things with you

Texto de Clément cette nuit, en route pour Boston :

« Fun. Je viens de passer devant un immense panneau marqué

« We sell guns. No ID required. » « 


= « Nous vendons des armes. Pas besoin de carte d’identité »

Noter que phonétiquement, la phrase sonne aussi comme:

« We sell guns. No idea required. »

Pas d’idée requise ? = Vous pouvez avoir le QI d’une huître, on s’en tape? Ou alors « pas besoin de savoir exactement qui vous allez butez pour acheter votre arme » ?

Tout ça m’excite, à rajouter à la liste des « TO DO BEFORE LEAVING AMERICA » : acheter une arme sans carte d’identité, tirer dans le désert en conduisant une voiture rouge le long d’une route droite, les Doors très fort, et des faux ongles de 15cm peints de quatre couleurs différentes+paillettes incrustées. Penser à aller à l’église le lendemain.

Paramour

En est-il des paramours comme des paravents, des parachutes et des parapluies ?

A paramour pare contre l’amour ?

En vrai, en anglais, ça veut dire amant, maîtresse. Amour illicite. Relation adultérine.

Ca s’utilise en verbe, en nom, en adverbe, mais c’est quelque peu archaïque.

Tout à l’heure, j’ai essayé de dire my paramour, à Corban-ma-coloc, pour voir si ça marchait.

Elle a compris « my power mower » (tondeuse à gazon).

Words : FAIL.

Ring King

Pour ceux qui sont intéressés, la collection « UNC Official Ring » commence à $335.

Comptez $800 pour le gros modèle avec incrustations de diamants.

C’est super moche et c’est super cher, mais elles se vendent apparemment très bien, merci pour Balfour (l’entreprise qui les fabrique et paye de copieux royalties aux universités pour avoir le droit d’utiliser leurs logos)

Extrait de la plaquette de présentation :

« Ces bagues matérialisent l’essence de l’esprit de notre Université, que nous vous invitons à célébrer avec nous, en portant fièrement votre bague et en assistant à la Official Ring Ceremony.

[…]

Pourquoi participer à la tradition?

– Le symbole de votre engagement à l’école

– The Ring est matérialise votre fierté d’appartenir à l’école. Elle est un signe visible qui vous connecte à votre alumni (anciens élèves)

– Elle vous donne de la crédibilité face aux employeurs. »

Attention, hein, pas de blague : il faut être depuis au moins deux ans étudiant à UNC pour avoir le droit d’acheter une bague.

A la fin de l’année, il y a la cérémonie des bagues avec celle de la remise des diplômes.

Introduction à la civilisation française – Les élevages de grenouilles

(tout à l’heure, pause clope sous le drapeau américain)

Victory, il n’y a rien qui te manque, de France?

moi : – ben… (regard gêné)… mes grenouilles.

WHAT? Is that true? Vous mangez vraiment des grenouilles?

– Evidemment! Vous pensiez que c’était une légende, ou quoi? Vous savez, les clichés sont souvent vrais : le camembert, les bérets, les t-shirts rayés et les cigarettes, la Tour Eiffel, this is for real. Elever des grenouilles, c’est quelque chose de très populaire, dans mon pays.

[regards perplexes voire dubitatifs –  « She’s kidding/This is an hoax » (canular)]

– Vous ne me croyez pas? La viande est extrêmement chère en France, à cause des syndicats agricoles qui maintiennent les revenus des paysans à des niveaux ahurissants. Il reste beaucoup de communistes, dans mon pays.

– C’est vrai, votre économie est très contrôlée par l’Etat…

– Exactement. Par exemple, imaginez vous qu’à Paris, un hamburger coûte le quadruple de son prix américain, sans même prendre en compte le taux de change. C’est à cause du bifteck. La viande de boeuf y est très chère, à peu près comme le caviar, ici.

– Wouah.

– Tenez, un autre exemple : en France, MacDonald, c’est quasiment un restaurant haut-de-gamme. Je suis de la classe moyenne, et avec ma famille, nous y allons une fois par an, à Noël. Et si j’ai de la chance, pour mon anniversaire. Pour les grandes occasions, nous achetons parfois un peu de blanc de poulet. Alors vous imaginez comme je suis heureuse de vivre ici!

Le reste du temps, nous mangeons les grenouilles que nous élevons.

– Ok… c’est marrant qu’on en ait jamais entendu parler. Mais tu ne vivais pas en appartement, à Paris?

– Si, mais justement, c’est ça qui est génial, avec les grenouilles. On peut les élever partout. Elles sont très résistantes, ne tombent jamais malade, ont besoin de très peu pour vivre. Et puis c’est tellement bon!

( répriment leurs expressions dégoûtées)

– Dans n’importe quel supermarché français, on trouve des kits d’élevage de grenouilles. Pour environ 5 dollars, vous pouvez avoir une sorte de mini-piscine réfrigérée avec des plantes et des nénuphars nains, et un petit sac de tétards vivants.

Really?

– C’est une tradition qui remonte à la première guerre mondiale. Les gens mouraient de faim, particulièrement dans les villes. Ils ont fouillé les égoûts, mangé les rats, les chiens, les chats, les pigeons ; puis quelques uns ont eu l’idée d’essayer les grenouilles. Pour s’épargner de longs et coûteux trajets à la campagne, certains ont commencé à les élever dans les cours des immeubles, ou dans leurs cuisines. La famille de mes grands-parents le faisait depuis longtemps déjà, à la campagne.

– …

– Franchement, vous devriez essayer. Les grenouilles sont une source de protéines abondante, économique et très peu calorique. C’est pour ça que les françaises sont si minces.

Vous avez quand même entendu parler des escargots ? Mais ça, c’est plus dans le sud de la France…

[to be continued]

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Babel – And life goes on

sinon, article publié cette semaine dans le DTH, où l’on apprend que les artistes du Orange County résistent bien à la crise économique, merci pour eux.

http://www.dailytarheel.com/content/artists-orange-county-artists-guild-showcase-pieces-annual-open-studio-tour

Kid Cuisine

Dimanche matin, baby-sitting.

Midi. Walt, 3 ans, a faim.

Sarah, sa mère, homemaker (= »femme au foyer », mais sans la connotation négative): « Ne t’inquiète pas mon amour, Maman te prépare à manger. »

4 minutes au micro-ondes, et voilà un repas « sain, équilibré et que votre enfant aimera! » (dixit la pub).

Kid Cuisine

Des frites, du maïs, une saucisse enrobée de chapelure frite dans l’huile.

Et une crème au chocolat avec des smarties et des marshmallows,  pour seulement $3.29!

Mmmmh…

moi (/mode : politesse américaine) : « Oh, super ! Qu’est-ce que c’est pratique! »

Sarah : « Oui, c’est génial, j’en ai plein dans le congélateur! »

Sarah, à Walt : « Mange ton corn-dog, mon chéri ! Bon, d’accord, mets ta crème au chocolat dessus, si tu veux… Allez, Walt, encore un effort, encore trois frites, et tu auras un bonbon! »

moi : « Mais euh… il mange des légumes, parfois? »

Sarah : « Bien sûr! Walt adore le ketchup! »

Saturday whirl

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Quatre jours de pluie en continu, aujourd’hui c’était fini.

Soleil dans les arbres rouges et verts et jaunes, course-poursuite des écureuils, bruit des feuilles mortes qui craquent sous les pieds.

Ca suffit pour être joyeux toute la journée.

Ce matin, j’avais rendez-vous au marché de Carrboro avec mon copain Mark – celui qui vit dans les bois avec Beans, son chien magique.

Mark m’a présentée à Wilma, qui un jour d’automne 1993 a décidé de démissionner du laboratoire nucléaire où elle travaillait pour démarrer une ferme de fromages de chèvre. Et faire pousser des cactus.

Wilma et Mark

Mark et Wilma samedi matin au Carrboro Farmers Market.

On a été petit-déjeuner à la station-service du coin – $2,99 (moins de deux euros)  les oeufs brouillés+café+ une galette de pommes de terre + un steak+ un brisket (sorte de petit pain gras et croustillant, typique du Sud des Etats-Unis)

Après, j’ai dû filer pour aller écrire l’article du Daily Tar Heel : ce week-end, les artistes de Carrboro ouvrent leurs studios au public.

Rencontré une restauratrice de livres anciens, Susan Soleil – des belles mains patientes, un grand sourire calme, et beaucoup d’énergie. 60 ans, apaisée. Elle m’a dit qu’elle regrettait de ne pas avoir de petits-enfants, c’est peut-être pour ça qu’elle m’a appelée « Sweetie » et « lovely doll » pendant tout l’entretien. Elle m’a fait des bisous et elle m’a offert une carte ancienne de Paris, et je vais retourner la voir bientôt. C’est le genre de personnes dont la présence physique calme.

Puis j’ai rencontré un sculpteur fabuleux, Mike Roig, et sa femme, Clay Carmicael, auteur pour enfants et illustratrice.

Leur jardin est rempli des sculptures mobiles de Mike.

Roig-West-Wind-Sentinel-med

En revenant, j’ai vu des gens assis en cercle dans l’herbe, à côté d’un bus géant, peint en vert. Ils viennent du Montana (= de l’autre bout du pays, au Nord-Ouest) et font partie de l’association pour la promotion de la Permaculture (???). Ils se baladent dans tout le pays avec leur bus, leurs plantes, leurs graines, et  leurs deux chiens.

Ha, et quatre poules en enclos.

Ils donnent des cours sur les plantes médicinales.

Un peu plus loin, une demi-douzaine de membres des Happy Hoopers (amateurs de houla-hoop) s’entraînaient en écoutant Shakira.

Ce soir, je fais la fête avec les gens de ma rubrique du Daily Tar Heel, et après c’est « Ugly Sweater Dance Party » chez Dylan (= venir avec le pull tricoté le plus immonde possible)

Happy? Yeah !

Femme de soldat

Student's store

Le Student’s Store, grand magasin au centre du campus, propose toutes sortes de magazines.

Entre Paris Match et Elle, on trouve même le Monde Diplomatique (!!!) – mais là, je pense qu’ils ont confondu avec Le Monde tout court

Mon préféré, c’est celui-là :

Military Spouse

Military Spouse, mensuel dédié aux femmes de soldats.

En couverture ce mois-ci : « Pas de sexe, pas de pilule? » et des conseils pour se remettre en forme avant le retour du mari.

Ma première réaction a été d’exploser de rire.

Mais finalement, l’existence d’un tel magazine est assez logique :

L’armée des Etats-Unis d’Amérique compte 1 million et demi de  soldats en poste.

Profil du soldat américain moyen : homme blanc, 22 ans, marié avec deux enfants.

Wistfully

Un autre joli mot, qui n’a pas de traduction exacte en français.

Wistful et wistfully

Par exemple. Regarder par la fenêtre un jour de pluie de l’autre côté de l’océan, vouloir un petit café en terrasse, se demander ce que font les gens qui nous manquent à cet instant précis.

Se demander si on leur manque aussi, en douter, et avoir peur de rentrer.

Tout ça en anglais ça se dit « wistfully ».

Un mélange entre « rêveusement » , « mélancoliquement » et « nostalgiquement » (?)

Une nuit en prison pour une bataille de petits pois à la cantine

25 élèves, âgés de 11 à 15 ans,ont été arrêtés et mis en prison à Chicago.

Fusillade? Vol en bande organisée? Racket ?

Non.

Bataille de petits pois à la cantine.

Jeudi dernier, à la cantine de la Calumet Middle School, un gamin jette une pomme sur la tête de son voisin. Les autres enchaînent avec des cookies, des oranges. En quelques minutes, c’est bataille générale de nourriture, une scène banale dans tous les cantines du monde.

Se sentant débordé, un policier du campus demande du renfort.

Deux douzaines d’élèves sont menottés, embarqués, leurs empreintes digitales et leurs photos prises.

Les 25 élèves ont été libérés dans la nuit, visiblement choqués.

Ils devront se présenter au tribunal avant la fin du mois, où ils écoperont probablement d’heures de service général.

Is that America?

http://www.nytimes.com/2009/11/11/us/11foodfight.html

Shake it up, SHAKE IT UP !

carolina fitness

Alleluia, je suis retournée à la gym tout à l’heure – Gutts, Butts & Thighs (Cuisses-Abdos-Fessiers)

Premier étage du Student Recreation Center, cinq heures du soir.

Quarante filles de toutes les couleurs, plus ou moins bombesques, en short.

Odeur de chien mouillé, parapluies éparpillés – trois jours qu’il pleut.

Musique : The Destiny’s Child – Single Ladies. Volume sonore : 100 décibels.

Apparaît Monica, la Fitness Instructor, en débardeur rose fluo :

« – HIIIIII everyone ! I am SO excited! This work-out is gonna be A BLAST ! COME ON, girls ! LET’S GO ! Shake-that-BUTT! »

[musique : «poum-poum-poum, oh oh oh, oh oh oh, oh oh oh, poum-poum-poum »]

Fitness Instructor : «We’re all girls, we’re all have, hem… chest parts ! Shake them, shake it up, SHAKE IT UP! »

Toutes les filles à quatre pattes lèvent la cuisse droite en rythme.

Fitness Instructor : « This is YOUR work-out, GIRLS, you wanna look GOOD on Saturday night! Challenge yourselves ! »

[…]

Fitness Instructor : «Yeaaaah, that’s good ! HOW ARE THESE BUTTS FEELING ? »

(Odeur : sueur. Musique : toujours Beyoncé)

Fitness Instructor : «And-four-three-two-and-one ! That-is-AWESOME ! How are you doin’, GIRLS

Fitness Instructor : « COME ON GIRLS, I can’t hear you : HOW ARE YOU DOING TODAY? »

Toutes les filles : «GREAAAAAT ! WOOO-HOOO !»

Fitness Instructor : « You are AMAZIIIIIING, girls ! »

Les filles : «YEAAAAAAAAH !»

Ah bah ça m’avait manqué, tu vois.

Entartez votre rédac’ chef !

Et SCHBAM ! Une tarte à la crème dans la face d’Andrew Dunn.

Non, mais on l’aime bien, hein.

C’est juste le nouveau moyen que l’équipe du Daily Tar Heel a trouvé pour réduire le nombre de coquilles dans le journal.

Si on repère une faute dans un article AVANT la publication, on peut envoyer un mail à Erika, la manager du DTH, en expliquant quelle était l’erreur et comment on l’a trouvée.

A la fin de la semaine, l’un des noms de ceux qui ont repéré une faute est tiré au sort.

L’heureux élu a le choix entre un chèque cadeau de 10 dollars ou la possibilité d’entartrer le rédac’ chef.

Sarah, la gagnante de cette semaine, a choisi la deuxième option.

Lundi sous la pluie, part 2 – Ecouter Edith Piaf en jouant au flipper

the cave… après m’avoir emmenée à la distribution de trop bonne bouffe gratuite, Mark a voulu aller boire une bière.

« Comment? Tu ne connais pas THE CAVE, le meilleur et le plus vieux bar de Chapel Hill? »

Ben non. Mais ça y est, I’m in love with it.

– Déjà, The Cave a une adresse improbable : 452 ½ W Franklin St, Chapel Hill, NC

– C’est un bar secret, comme dans Harry Potter. Il faut descendre un minuscule escalier, pousser la lourde porte en bois, et avoir une carte de membre (ou être invité)

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The dog that finds money – une pizza à la framboise

Lundi après-midi, j’étais encore à la bourre pour mon devoir de photojournalisme.  Sujet de la semaine: feature. Je rentrais la boule au ventre à la maison, en espérant qu’une idée de photo tombe du ciel.

Sur le chemin, à vélo, sur Franklin Street, un type me sourit, la barbe crade. Comme il avait l’air d’avoir envie de discuter, je m’arrête pour partager une cigarette.

Mike a un accent britannique et des bons yeux. Je le prends en photo.

Il travaille de temps en temps comme mécanicien pour Gumby’s pizza. Cinquante ans, deux enfants, pas de taf, pas d’assurance santé, pas de maison, pas de fric.

Pendant que Mike réparait deux trois trucs sur mon vélo, Mark, un copain à lui, passe par là.

La barbe de Mark est encore plus longue, il a le visage creusé et des trous dans les mains. Il a un labrador jaune, qui s’appelle Beans, et un gros sac à dos kaki.

Beans est un chien étonnant.

Il peut sentir l’odeur des billets de banque, les trouver et les rapporter à son maître.

Je vous jure, je l’ai vu faire!

Malheureusement pour son propriétaire, Beans préfère l’odeur des billets de 1 dollar à ceux de 100.

Mark, soixante-dix ans, vit dans une cabane dans les bois de Carrboro – l’hiver, il déménage au centre d’hébergement pour SDF de Chapel Hill.

« Hey gal’! You wanna get free food? » dit Mark – (hé, tu veux de la nourriture gratos?)

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L’identité nationale selon Google

Why do French....

Dans l’ordre :
Pourquoi les Français sentent mauvais?
Pourquoi les Françaises ne se rasent pas?
Pourquoi les Françaises ne deviennent jamais grosses?
Pourquoi les Français n’aiment pas les Americains?
Pourquoi les Français mangent des escargots?
Pourquoi les Français fument-ils autant?
Pourquoi les Françaises sont-elles tellement chic?
Pourquoi les Français fument-ils?
Pourquoi les frites sont-elles si bonnes?

Résultats obtenus avec l’outil google suggest, qui propose des mots-clefs a mesure que l’on tape sa demande, en fonction des requêtes les plus souvent soumises…

« No Shave November » – L’invasion des yétis

Ce matin dans le Daily Tar Heel, le portrait de l’un des participants du « No Shave November » (« on ne se rase pas en novembre »).

Pendant tout le mois de novembre, Mike Amato, étudiant en deuxième année, a promis de ne pas se raser la barbe .

Cela fait deux ans qu’il participe à l’évènement, ainsi qu’au « Febru-hairy » et « Mustache March » (Février chevelu et la Moustache de Mars (?))

« Participer à un tel évènement demande beaucoup de courage, une bonne technique, et certainement beaucoup de testostérone ! », a témoigné Mike Amato.

Le Daily Tar Heel publiera une chronique hebdomadaire sur les progrès de la barbe de Mike.

J’ai hâte.

L’article est là : No Shave November Begins

Médor aux platines

Aujourd’hui, le Daily Tar Heel m’a envoyé écrire un article sur la foire aux vinyles et aux CDs qui avait lieu à Carrboro.

Top 5 des trucs étranges :

1 – Les meilleurs battements de coeurs de chiens (!!!) en vinyle

2 – 100 ans de Porsche (90 minutes de bruits de moteurs)

3 – Boîte de chocolats de Noël « Elvis Presley » dédicacée

4 -« Les bombardements atomiques : un guide de survie » en vinyle

5 – Un vinyle de Kiss en forme de guitare à pics (?)

L’article est là : Marché aux vinyles

You should be biking, yeah

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The Golden Gate

Vikram Seth - The Golden GateVikram Seth – The Golden Gate – roman en vers.

Découvert grâce au cours de littérature sur le changement social . Un roman en vers?

Au début, j’ai dit beurk beurk, ça va être chiant comme la mort. En vrai : c’est génial.

D’abord parce que l’histoire est chouette, typiquement californienne, avec des bébés, des mariages, des yuppies, des cafés à point d’heure. C’est pas pompeux, lyrique ou chiant du tout.

Et puis surtout parce que l’auteur, Vikram Seth, est fou.

Il a repris le même principe que Pushkin en 1833 avec son roman Eugène Onegin: The Golden Gate est composé de 690 strophes en vers iambiques tétramétriques – ababccddeffegg –

Hein?

Comme ça, regardez :

« 1. The word’s discussed while friends are eating.  p.3

2. A cache of billets-doux arrive. p.24

3. A concert generates a meeting. p. 53

4. A house is warmed. Sheep come alive. p. 72

5. Olives are plucked in prime condition. p.100

6. A cat reacts to competition. p.123

7. Arrests occur. A speech is made. p.148

8. Coffee is drunk, and Scrabble played. p.173

9. A quarrel is initiated. p.192

10. Vines rest in early winter light. p.123

11. The Winking Owl fills up by night. p.234

12. An old affair is renovated. p.262

13. Friends meditate on friends who’ve gone.

The months go by; the world goes on. p.281  »

 

– c’est la table des matières.

Oui, il a même écrit la table des matières en vers iambiques tétramétriques!

Et les remerciements, et les dédicaces, aussi.

Et la table des matières non seulement respecte la structure des verbes iambiques tétramétriques, mais raconte toute l’histoire du roman. C’est fou, non?

Publié en 1986 aux Etats-Unis, publié cette année en France.

Je serai curieuse de voir comment ça a été traduit en français.

Why the fuck do you have a kid?!

« Mais bordel, pourquoi vous avez des gosses?! »

why the fuck

Idée de jeu stupide à faire en cours n°2 : pareil qu’avec « People from Walmart », en plus drôle.

Ou en plus horrible, à voir.

http://whythefuckdoyouhaveakid.com/