Archives mensuelles : février 2010

Aveda drama

Hier j’étais chez Aveda, l’école de esthetology and cosmetology de Chapel Hill — l’endroit où tout le campus se fait arracher les poils, pour être directe.

Tout était parfaitement normal en ce vendredi après-midi, la salle résonnait des cris de douleurs des clientes en voie de dépoilisation quand tout à coup: scandale.

On entend une dame, apparemment très mécontente, exiger qu’on appelle le directeur de l’école, hurler que l’école est dirigée par une bande d’incompétents, que sa vie est ruinée, qu’elle va devoir rester cloîtrée chez elle pendant des mois, etc, etc…

Il est apparu que la personne censée lui épiler les sourcils venait de lui arracher la moitié du sourcil droit.

Et là, ça devient marrant, un de ces moments où je me dis « youpi, je vis une expérience typiiiique »:

Le responsable arrive, et lui demande immédiatement de « baisser le ton de sa voix »

(note culturelle: on ne s’énerve jamais, c’est vraiment mal élevé et les américains ont horreur de ça ( self-control: celui qui ne sait pas maîtriser ses émotions négatives est un loser))

– et surtout : la dame menace de leur faire un procès.

Silence horrifié du responsable. Pour cause: avec un bon avocat, ce genre de procès peut effectivement aboutir et coûter au condamné des millions de dollars de dommages et intérêts.

Finalement, la dame a baissé le ton de sa voix et le responsable a proposé de « trouver une solution et un accord sur les dédommagements ». Je n’ai pas pu rester assez longtemps pour savoir ce qu’elle comptait finalement faire, mais je demanderai la prochaine fois.

Bon dimanche!

Où on fait des photos

… aucun rapport avec les Etats-Unis, ni avec le campus, ni avec le journal. C’est juste qu’hier j’ai pris des photos genre studio de mon copain Denver pour le devoir à rendre en cours de photo-journalisme. C’était marrant, j’avais monté les lumières et tout le bazar dans le salon, il a fait son crâneur en écoutant du David Bowie, on a bu de la bière et je lui ai fait des bisous au rouge à lèvres sur les joues (pour qu’il crâne encore plus, mais finalement j’ai tout mis en noir et blanc parce qu’on aurait dit qu’il avait été battu par des groupies en furie)

Sinon envoyez moi d’urgence des carottes et des poireaux, des pommes ou n’importe quoi qui ne contienne ni sucre, ni graisse, ni beurre de cacahuète, ça fait trois semaines que j’en ai pas mangé et que je me nourris alternativement de pizza hawaïenne, de burrito ou de BigMac.

Je m’intègre, quoi.

c’était monnombril.com, une information supportée par WordPress

Les gens dans mon bus

Sur le campus, tout le monde a une super voiture. En général les jeunes en reçoivent une en cadeau quand ils ont leur bac ou quand ils rentrent à l’université. Sur les parkings, elles s’étendent à perte de vue, les BMW, les Audi, Ford et même quelques Porsche.

On dirait des suppositoires géants. Bien lisses, automatiques, pas une rayure, le tout payé à crédit.

Comme tout le monde a une super voiture, si t’en as une moche (genre mon copain Christian qui roule en Ford Festiva 1991 rouge tomate), ça veut dire que t’es vraiment un looser.

Mais bon, tu peux avoir pire: être obligé de prendre le bus. Là ça te classe direct dans l’underclass, catégorie méga-méga-looser. D’ailleurs tu as peu de chances d’être blanc, tu es soit mexicain soit noir américain. Tu ne gagnes pas grand chose en bossant à UNC, au self-service ou au service de ménage. Les étudiantes ont peur de toi quand elles marchent seules dans la rue vers 20h : « Alors oui alors là j’ai vu un Mexicain derrière moi et il me suivait tu vois il avait une béquille mais il allait m’attaquer donc je suis restée à côté de la voiture de la police… »

Et comme tu n’as jamais pu te payer une visite chez le médecin parce que ça coûte un oeil, avec un peu de bol tu as en plus choppé un handicap ou une maladie grave (typiquement, un truc bénin qui a dégénéré parce qu’il n’a pas été soigné)

Mais ce qui est bien, c’est que quand tu as un peu de thunes à UNC,  tu ne prends jamais jamais  le bus, alors tu ne verras jamais tout ça.

Les baleines et les nerds

Je suis à la bibliothèque. Il est une heure du matin.

Vers minuit, la population de la bibliothèque change. De jeunes garçons à la peau pâle et aux grosses lunettes, les yeux rougis et les mains déformées par toutes les heures qu’ils ont passées devant leur ordinateur, sortent de leur caverne et viennent mangent des yogurts à la fraise sur les tables géantes. En bon anglais, on appelle ce genre de garçons et de filles des nerds (prononcer neurds), ce que Wikipédia définit comme « une personne solitaire et intelligente, à la fois socialement handicapée et passionnée par des sujets liés à la science et aux techniques »

J’ai découvert avec hilarité qu’on peut indifféremment utiliser le mot « nerd » ou « dork ».

Dork.

Dork, ça veut en fait dire « pénis de baleine. »

D’abord la langue américaine est décidemment fabuleuse. Rien que le fait qu’un tel mot existe exprès m’émerveille. En googlant tout ça, j’ai découvert qu’il existait même une « Whale’s Penis Church »

Je vois pas trop le rapport entre les gens autour de moi et le pénis de la baleine, mais je ne résiste pas au plaisir de poster la photo, histoire de donner une nouvelle preuve de mon élégance naturelle

EDIT (au café, il est 8h du matin): En fait je suis déçue, a « dork », ça veut dire pénis tout court en argot. Mais bon ça casse tout mon post alors comme c’est quand même un peu drôle je le laisse. Love et confiture

Les petits soldats de plomb

Samedi j’ai passé la matinée à la reconstitution historique de la guerre Révolutionnaire, en costumes et chapeaux à plumes, avec odeur de poudre, accent anglais et feux de camp. Article publié ce matin dans le Daily Tar Heel

http://www.dailytarheel.com/content/hillsborough-re-enactment-depicts-revolutionary-war

Write or die! Happy Mondaze

Poum poum poum. Une nouvelle semaine qui commence.
On n’a toujours pas réussi à attraper les ratons-laveurs qui crapahutent dans le grenier.
Ce qui devait être le week-end le plus productif de l’année a finalement disparu dans une nuit de 18h, la constitution de listes de choses « à faire » qui traînent depuis des mois, des petits dessins dans la marge et une partie de beer pong… Et une reconstitution historique de la guerre Révolutionnaire à Hillsborough pour le Daily Tar Heel, l’article est publié demain avec une photo.
Nous sommes le dimanche 21 février, ça fait six mois d’Amérique, déjà. Ca passe beaucoup trop vite. Le compte à rebours commence, plus que 2 mois ici, il y a tant de choses que j’aurais voulu faire — monter à cheval dans les montagnes, apprendre à tirer au pistolet, écrire plus d’articles, perdre complètement mon accent, devenir une folle de fitness, aller dans l’Ouest… Est-ce que je peux appuyer sur « reset » et recommencer mon année? Je veux pas revenir.
Sans transition. J’ai découvert LA solution ultime pour les procrastinateurs chroniques : un outil Internet qui vous force à écrire un nombre de mots en temps limité. Si vous restez plus de 5 secondes sans taper un mot, l’écran devient rouge et vous entendez une musique insupportable qui vous donne immédiatement envie de retourner tripoter votre clavier. Ca s’appelle « Write or die » (Ecris ou Meurs!), c’est ici. En fait il  faudrait l’améliorer en proposant un service de blocage des comptes gmail/facebook/vdm/flickr pendant toute la durée d’écriture, voire, dans les cas les plus extrêmes, une équipe de choc qui viendrait vous attacher à votre chaise et vous enfermer dans une salle tout seul jusqu’à ce que vous ayez terminé vos devoirs.
Sur ces bribes décousues, je vous souhaite un joyeux lundi matin quand même, ou plutôt un joyeux Mondaze —  mélange entre « Monday » (lundi) et « daze » (hébétement, ahurissement).

L’avenir du grand reportage est dans le charity business

Avant-hier, je vous demandais votre avis sur « Intended Consequences », un reportage multimédia sur les enfants nés de viols commis pendant la guerre du Rwanda. « Intended Consequences » a été largement salué et récompensé par des prix prestigieux (NPPA’s Best of Photojournalism, Pictures of the Year international…)

Brian Storm, le patron de la société qui produit ces reportages, a affirmé que nous avions devant nos yeux « l’avenir du journalisme ».

Plus j’y pense, et plus leur travail m’énerve : dans le fond, dans la forme, dans ce qu’il révèle de la société américaine.

Je hais ces vidéos. Je hais cette  conception du journalisme. Je hais les procédés utilisés.

Je ne parle pas ici de la télé-poubelle, des magazines people, de MTV, de Fox News et tout ça. Mais de cette tendance «du grand journalisme » à l’américaine, basé uniquement sur du storytelling. C’est ce qu’apprennent les élèves de la School of Journalism at UNC-Chapel Hill, censée être la « meilleur école de journalisme du monde ».

Bien sûr, la réalisation, le montage et les photographies sont d’une grande qualité. Jonathan Torgovnik a fait preuve d’une très belle technique et de qualités d’écoute indéniables.

Je ne suis pas un monstre; bien sûr que j’ai été bouleversée par les témoignages de ces femmes. En cela l’équipe de MediaStorm a atteint son but.

Mais les procédés utilisés dans le montage et la manière de présenter le sujet sont pour moi une trahison du métier de journaliste.

Ce qui m’a écorché les oreilles tout de suite, c’est la musique. Tout le reportage est accompagné d’une mélodie en mineur au piano avec violons synthétisés. La musique remplit ici un rôle évident de dramatisation et de mise en scène. La musique a-t-elle a lien avec les histoires qui nous sont racontées? Non. C’est une musique composée tout exprès pour le public américain, destinée à amplifier les émotions ressenties, comme pour dire: vous avez bien compris que c’était triste, hein? C’est le même mécanisme que celui des rires pré-enregistrés dans le sitcoms.

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Bières, hidjab et épées

Salut. Il est 02h14 du matin.

J’ai passé la soirée à regarder Thomas Le Guillou disputer ses matchs d’escrime contre les Dookies (les étudiants de Duke University, nos ennemis jurés.)

J’ai pas tout compris, ce qui ne m’a pas empêchée de crier avec enthousiasme des phrases stupides du genre « Barbapapa! » et « Vas-y Thomas défonce-les!!! ». Thomas est super fort, il a été champion d’escrime de France l’année dernière et du coup tout le monde l’adore ici. Et je dois avouer que malgré leurs casques et leurs chaussettes ridicules et leurs prises électriques qui sortent de leur t-shirt, c’était quand même bien drôle de le voir jouer.

Parce qu’en plus il a gagné (il est vraiment super fort, je vous dis). Du coup, pour fêter ça dignement, on est allés faire la fête chez ses copains d’escrime. Et on a joué au Beer Pong.

Joie, ivresse et accomplissement ce soir: j’ai ENFIN appris à jouer au Beer Pong, qui, comme son nom l’indique, se joue avec de la bière et des balles de ping-pong.

En gros ça ressemble à ça :

Il faut lancer sa balle dans les gobelets de ses adversaires pour que ceux-ci puissent boire.

Mis à part le fait que la bière était franchement ignoble, on a bien rigolé, avec Thomas (on faisait des bruits de grenouille et on chantait Edith Piaf et « On est les champions » pour distraire l’équipe adverse, et on a gagné (c’est à dire qu’on a beaucoup bu).)

Entre le match d’escrime et celui de Beer Pong (qui a rendu le retour à la maison en vélo dans la nuit assez périlleux), j’ai passé deux heures au milieu du Congrès de l’Association des Etudiants Musulmans des Etats-Unis, et c’était plutôt drôle.

Je devrais aller me coucher, parce que demain, le photographe du Daily Tar Heel et moi nous nous rendons à Hillsborough pour assister à une reconstitution historique de la guerre d’Indépendance Américaine (avec fusils et chapeaux à plumes). J’ai hâte.

Have a nice day!

De l’avenir du grand reportage et des organisations caritatives

Trêve de pâtisseries et de ratons-laveurs.

Ca fait quelques jours que ça ne veut pas sortir de ma tête, ce que j’ai vu et entendu ce soir-là. Je tente de mettre le doigt sur ce qui m’a mis tellement en colère.

C’était avant-hier, à l’école de journalisme de UNC :  rencontre avec Brian Storm, directeur de la société de production MediaStorm, spécialisée dans le journalisme multimédia et les documentaires.

Dans un secteur médiatique en crise, MediaStorm s’en sort très, très bien. « On gagne des tonnes d’argent, » a répété Brian Storm. MediaStorm est présent sur tous les réseaux sociaux et sur toutes les plate-formes médiatiques – journaux, sites internet, I-phone, iTunes, télévision numérique, DVDs, édition.

J’aimerais vraiment bien que vous regardiez cette vidéo — pas besoin de la regarder en entier, cinq minutes suffisent pour comprendre :

http://www.mediastorm.org/0024.htm

Il s’agit d’un reportage sur les enfants nés de viols commis lors de la guerre au Rwanda, en 1991, sur leurs mères, et sur leurs relations.

Avant-hier, les élèves et les professeurs de l’école de journalisme de UNC ont écouté Brian Storm avec une extrême attention. Le silence dans la salle était quasi-religieux.

Pour eux, pour mes profs, vous avez devant vos yeux « l’avenir du journalisme ».

Je voudrais vraiment avoir votre avis :

Qu’en pensez-vous? D’un point de vue journalistique, moral, esthétique?

Est ce que cela vous donne envie de donner de l’argent? Est-ce que vous auriez envie de voir plus de reportages comme celui-ci à la télévision?

(Pendant ce temps là, je prépare mes arguments. Ca me prend plus de temps de prévu, parce que plus j’écris, plus ça s’embrouille.)

Le ventre des poissons rouges

Un autre bout d’histoire. Toute ressemblance…etc

------- August Chocolate -------

After their week-end trip to Asheville in mid-August, the mother and her two children did not go out for two days. The heat made them all lazy and moody. Everybody had been eating spicy Pringles and Milka rice chocolate in bed, taking small naps all along the day, because time goes by quicker when you sleep.

On the first floor, the daughter was reading Harry Potter and the Half-Blood Prince for the fourth time in two months, lighting a Camel filter occasionally. She scratched her hairy armpit, then sniffed her fingers, because she liked the smell of her own sweat. On the second floor, the son was playing World of War craft on his computer.

From time to time, the cat was mewing, because he wanted to go outside. For some reason, they all had fattened at the same time, the daughter, the mother, the son and the cat. In the adjacent bathroom, the giant goldfish was floating, belly up. Nobody had noticed it yet.

The wooden staircase cracked as they all went down to the kitchen. It smelled like rotting garbage and cat’s urine. The cat’s litter was full, so he had peed on the green linoleum. “Assholes,” thought the mother. She looked at them: the fat dumb cat, the daughter, her stale cigarette odor, and worse of all, the son. Parasite! She glanced at him. He had greasy blond hair, a flabby stomach coming out of his pajamas pants, and fatty shoulders covered with acne pimples. She clenched her teeth. “Stand up straight, for God’s sake, you stupid jerk,” she said, raising her hand.

She thought he was going to hit her but instead he ran against the door and broke the window pane with both hands. There was blood everywhere on the new linoleum. His hands and his wrists had a really weird angle.

He gave them a surprised look. Nobody was crying yet.

Une araignée dans le plafond?

Non, une famille de raton-laveurs qui vivent dans le grenier. On les entend tôt le matin qui grignotent la charpente.

Quand les filles m’ont dit ça, j’ai fait ‘oh, c’est trop mignon, des ratons-laveurs! (comme la peluche de mon frère quand il était petit) On pourrait leur donner à manger, et leur apprendre à faire du hoola-hoop’

Elles ne trouvent pas ça mignon du tout. D’abord ici ça s’appelle un « racoon » : c’est dégueulasse, ça transmet la rage, ça bouffe la charpente et ça creuse des trous dans les murs.

Ce matin une équipe de chasseurs ad hoc a débarqué avec des filets, des pièges et du poison. Ils sont dans le grenier.

Quand les Tar Heels ont été champions des Etats-Unis l’année dernière…

Vidéo filmée depuis les toits de Chapel Hill :

Hé bébé t’as pas un 06?

Hier, l’exercice dans mon cours de Creative Writing c’était créer un dialogue contenant le plus de clichés possibles, afin que nous décourager à jamais de les utiliser dans nos histoires plus sérieuses.

Voici ce que j’ai fait:

_______ Monday night ____________

« Oh baby. I’m in love with your clear eyes, your small dolly hands and your soft skin that smells like flowers, » he said.

He pushed her against the wall and carried her on the bed. Mary grumbled.

«Your hair is like a wheatfield in the summer breeze…, » he said.

Mary burped.

« And your mouth has the sugary taste of honey candies… »

He lifted her skirt.

« Your father is a thief, he stole the most beautiful stars in the sky
to put them in your eyes »

Mary could not hold it any longer ; she vomited in the vase next to the bed.

______

Explication détaillée (suite à la réaction de ma Maman qui n’a rien compris) :

La réplique « Ton père est un voleur, il a pris les plus belles étoiles du ciel pour les mettre dans tes yeux » est le pire cliché de drague en France. Toute fille l’a déjà entendu des dizaines de fois, en mode robotique — puisque le mec qui le dit a certainement passé la journée à la répéter à toutes les filles qu’il croise (parfois, ça marche, paraît-il)

Bon, sauf qu’ici on ne drague pas dans la rue (de toute façon il n’y a pas de rues), enfin les WASP ils le font pas, à la place ils préfèrent les stratagèmes compliqués, les relations en mode contrat d’assurances, (d’où le succès des how-to books sur les relations amoureuses). Du coup, les filles de ma classe ont trouvé ça GREAT et SO ROMANTIC cette histoire de « ton père est un voleur… ».

French love power, je vous dis.

Jésus et les doughnuts

Cette nuit j’ai lu « Brownies, » une nouvelle géniale de ZZ Packer. Ca se passe dans un camp scout pour jeunes filles noires dans le sud des Etats-Unis. Une nuit, elles font une expédition punitive dans le camp scout voisin, qui accueille des jeunes filles blanches.

Les filles du camp Brownie sont chaperonnées par deux femmes sans âge vaguement dépressives: Madame Margolin et Madame Herdy, qui leur font chanter toutes sortes de chansons chrétiennes complètement stupides.

Extrait :

« No, no, no, » Mrs. Margolin said before anyone could start in on « The Friends Song. » « An uplifting son. Something to lift her up and take her mind off all these earthly burdens. »
Arnetta and Octavia rolled their eyes. Everyone knew what song Mrs. Margolin was talking about, and no one, no one, wanted to sing it.

« Please, no, » a voice called out. « Not ‘The Doughnut Song.’ »
« Please not ‘The Doughnut Song,’ », Octavia pleaded.
« I’ll brush my teeth twice if I don’t have to sing ‘The Doughnut –’ »
« Sing! » Mrs Margolin demanded.

We sang :

Life without Jesus is like a do-ough-nut!
Like a do-ooough-nut!
Like a do-ooough-nut!
Life without Jesus is like a do-ough-nut!
There’s a hole in the middle of my soul!

There were other verses, involving other pastries, but we stopped after the first one and cast glances toward Mrs. Margolin to see if we could gain a reprieve. »

[…] » from ZZ Parker, Brownies

J’ai vérifié auprès de filles de ma classe qui sont cheftaines dans des summer camp pour chrétiens, et la chanson existe vraiment.

American anatomy

En Amérique, en même temps que les cupcakes et les jeans taille basse, ils ont inventé un mot exprès pour ça :

Oui oui, cette chair disgracieuse qui rebondit allégrement sur la ceinture de nos jeans taille basse. On appelle ça un muffin top, en référence à la pâtisserie:

Kiss kiss coeur coeur

En anglais, le film de Disney « La belle et le clochard » s’appelle « The Lady and the Tramp« 
Ce qui nous donne donc l’expression américaine: « to lady and the tramp it » (partager un morceau de nourriture avec quelqu’un d’autre, et, par extension, s’embrasser)
Donc, en ces jours de guimauve rose bonbon saint-valentin gros ballons coeurs coeur coeur gnagnagna, je vous dis : « Come on, just Lady and the Tramp it! » (c’est plus classe que « Roulez-vous des pelles à vous en décrocher la langue », non?)

GO TAR HEELS! Go to hell, Dook!

Dammit!

Hier, les Tar Heels, notre équipe de basket adorée, a perdu face aux Blue Devils de Duke University. Enfer et dévastation.

Les fans pleurent, les profs font la gueule, le campus est en état de choc.

Pour bien saisir le traumatisme, il faut savoir que Duke et UNC, bien qu’étant situées à moins de 30 km l’une de l’autre, se vouent une haine intense depuis plusieurs générations.

Ainsi, à UNC, on ne dit pas Duke, on dit « Dook » (argot pour « gros étron puant »). Les étudiants de Duke, on les appelle les « Dookies » (“grosses merdasses”, donc).

Tous les Tar Heels vous le diront:  les Dookies, on les déteste. Ils sont arrogants, super riches, snobs, méprisants, bref, insupportables (et en plus ils ont une bonne équipe de basket)

La rivalité est en faite plus intéressante qu’une banale rivalité sportive. Il y a des tas de choses qui se jouent: la différence de classe sociale (Duke est une université privée, ses étudiants sont tous riches, alors que UNC est publique, 30% des étudiants viennent de familles qui vivent en dessous du seuil de pauvreté) et le conflit nordiste-sudiste (les étudiants de Duke viennent généralement de lycées privés de la Nouvelle Angleterre, alors que 80% des étudiants de UNC sont natifs de la Caroline du Nord). En fait c’est un peu comme entre l’Olympique Lyonnais et l’AS de Saint-Etienne (Clément si tu me lis…) Promis j’en reparlerai dans un prochain billet.

Bon, mais voici ce que je voulais surtout vous raconter :

Pour rajouter de l’enjeu au match, les rédactions des journaux des deux universités se lancent depuis 1990 le défi suivant: après un match Duke-UNC, le titre du journal de l’équipe perdante doit être imprimé aux couleurs de l’université rivale, avec le logo honni bien visible en dernière page  ET le titre suivant en une “Duke (ou UNC)  sont encore et toujours les meilleurs”.

Voilà qui explique pourquoi ce matin nous avons trouvé notre pauvre Daily Tar Heel complètement défiguré par le logo de Duke en dernière page et le titre colorié avec cet horrible bleu Dookie :

Et, encore plus blasphématoire:

Comme si tout cela n’était pas suffisamment humiliant, Andrew Dunn, notre rédacteur en chef, a  dû se rendre dans les bureaux du Chronicle (le quotidien rival) pour y déposer solennellement soixante exemplaires du Daily Tar Heel défiguré en endurant stoïquement les quolibets et les insultes de la rédaction du Chronicle. Aaargh.

Remarque, ça les change, parce que depuis six ans, ce sont les Blue Devils qui perdent, et le journal de Duke qui était obligé de se faire imprimer en Carolina blue, comme l’année dernière :

En arrivant je trouvais ça complètement con, leur histoire de rivalité.

Mais cinq mois au pays des Tar Heels, ça vous change une femme: moi aussi maintenant je les déteste, les Dookies! Go to hell, Dook!

Pour vous rendre compte de la démesure de ces matchs de basket, regardez cette vidéo :

Carnaval électoral à la sauce narval géant

Ces derniers temps, la grande affaire sur le campus, c’était la  « Student Body President Election Campaign » : la campagne pour l’élection du président des étudiants.

A priori, rien de franchement palpitant, ces élections étant au fond une bataille de personnalités, lesquelles semblaient s’être données le mot pour être les plus consensuelles et lisses possibles. CandyLand style.

Aucun enjeu politique n’est soulevé: personne ne remet en cause les milliers de dollars de frais d’inscription, les contenus pédagogiques, l’organisation de l’université…

Les débats portent plutôt sur des non-problèmes, du genre la sécurité des étudiants (alors que la ville est hyper-sécurisée) et les relations entre les fraternités et l’administration de UNC (palpitant). Rien à voir avec les élections syndicales comme en connaissent les universités françaises.

Depuis un mois, les pancartes multicolores ont envahi le Pit, la place centrale du campus, et dans la cafétaria, il ne se passe pas un jour sans que résonnent les cris et exhortations enthousiastes de supporters (je n’ose pas dire « militants »).

C’était parti pour être chiant à mourir. Mais Nash Keunes est arrivé, avec une campagne complètement délirante, qui visait surtout à ridiculiser l’élection et à se moquer des promesses des autres candidats.

Extraits de son programme :

– transformer le premier étage de la bibliothèque en aquarium géant pour y faire vivre un narval.

Narval géant

– rendre plus faciles les mots croisés du Daily Tar Heel (le quotidien du campus) pour que les étudiants se sentent valorisés quand ils commencent leur journée

– changer le nom de la ville, Chapel Hill, pour « Unaffiliated House of Worship and Secular Community Temple Mosque Center Hill. »

– « We are not in favor of grade inflation. Rather, we are in favor of grade hyperinflation. We want UNC to become the Zimbabwe of grade inflation. »

(NB: « grade inflation », c’est la tendance à la hausse des notes reçues par les élèves depuis quelques années, problème que connaissent toutes les universités américaines et dont beaucoup craignent qu’elle ne contribue à dévaluer les diplômes)

Le Daily Tar Heel ne savait pas quoi faire du « cas » Nash Keunes.

Quant aux autres candidats, ils étaient outrés — deux étudiants ont même créé un groupe Facebook « Ne votez pas pour Nash Keunes le 9 février! »

Malheureusement pour eux, le groupe anti-Nash a été pris d’assaut par les supporters de Nash, qui ont joyeusement posté des dizaines de commentaires sarcastiques du style: « Nash throws cats in front of school busses » ou « Nash is a terrible human being. I have personally seen him eat a baby. »

Bref, on s’est bien marrés, finalement. Merci Nash Keunes.

C’est fini, les résultats des élections ont été annoncées hier, Nash a fini 4e sur 6 dans la course à la présidentielle étudiante.

Supermanix

Cet après-midi dans mon cours de creative writing, il s’est passé un truc bizarre.

Le cours se déroule de la manière suivante : nous devons écrire, pour chaque séance, un petit texte de fiction, histoire de se délier les doigts.

Règle du jeu pour celui d’aujourd’hui: un texte court qui suivait le schéma « Ce que tout le monde sait de X / Ce que moi je sais de X ».

Après que j’ai eu fini de lire le mien, il y a eu un silence vaguement gêné puis tout le monde a éclaté de rire.

Je sais pas trop quoi en penser. J’y avais pas tellement réfléchi en l’écrivant mais ça a dû faire un peu bizarre mon histoire de play-boy qui simule ses orgasmes et qui va cacher ses capotes vides aux toilettes. Peut-être qu’on parle pas de sexe en classe, même quand c’est supposé être un atelier créatif? Peut-être que c’était mon accent?  Le prof, me voyant rougir, a juste dit « don’t be shy, don’t be shy », et il avait son petit sourire en coin indéchiffrable (je vais le prendre en photo vous verrez).

L’histoire est là:

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Superbowl

Chips à gauche, bol de sauce à droite, les fesses bien calées dans le canapé, bière ouvertes sur la table: hier avec mes copains c’était soirée Superbowl (championnat de football américain), comme pour 100 millions de personnes dans le pays. Plus d’un tiers de la population américaine a suivi la finale de la coupe de football américain  hier!

Bon alors je comprends toujours rien à leur jeu (il y a une histoire de ballon et de lignes). Tout le plaisir vient de regarder les joueurs trottiner dans leur combinaison improbables, leurs fessiers avantageusement serrées dans des pantalons moulants dorés  assortis à leurs épaulettes. Donc pendant trois plombes  ils courent et ils se rentrent dedans, l’arbitre dit quelque chose, il y a des chiffres, les gens crient et pleurent et c’est fabuleux.

photo: Matt Soclum pour AP photo

Cette année, ce sont les Saints de la Nouvelle Orléans qui ont gagné. Gros plan sur le quaterback (le capitaine de l’équipe) qui pleurait de joie avec son petit garçon dans les bras. Ils ont tous bien remercié Dieu et dit que c’était leur destin, pis tout le monde a trouvé que c’était drôlement émouvant, cinq ans après l’ouragan Katrina tout ça.

Comme le jeu s’arrête toutes les trois minutes, c’est nickel pour diffuser des publicités pendant les innombrables pauses.

D’ailleurs le Superbowl est aussi connu pour ça: une compétition de publicités. Diffuser une publicité coûte tellement cher à l’annonceur (plusieurs millions de dollars pour 30 secondes de diffusion) qu’ils ne choisissent que les meilleures (ou les plus sûres, d’où beaucoup de spots avec des stars, des bébés et  des animaux (encore mieux, des bébés animaux!)

Microbe toi-même

Hier en cours d’espagnol le prof expliquait la cérémonie du maté en Argentine.

Le récipient passe de mains en mains et les participants boivent le maté avec une paille.

Gémissement dégoûté d’une fille de ma classe : « Pero es peligroso, porqué [prononcé poolquay] hay muchos, hem… what’s the word in Spanish? micrrrobes? »

Mais oui ma grande. C’est HYPER dangereux l’herbe à maté, avec toutes ces maladies et ces germes qui circulent.

D’ailleurs, les Argentins, ils boiraient bien leur maté dans des gobelets jetables en polyester désinfecté avec pailles en plastique stérile, s’ils le pouvaient. Ils n’attendent que ça.

Je les adore, les Américains, mais quand même parfois je rêve qu’ils meurent tous noyés dans une bassine de désinfectant pour les mains (kills 99,9% of the germs!!)

Branche le courant

Ryan Schude a des drôles d’idées. Des fruits pourris, des poissons morts dans des intérieurs immaculés, du ketchup, des enfants pas sages, des campings apocalyptiques.

Ce sont des images que l’on n’oublie pas facilement.

Elles sont là : http://ryanschude.com/

Qui a peur du grand méchant loup?

… Quand Sarah Frier, la chef de rubrique du Daily Tar Heel, m’avait demandé de trouver les endroits les plus sûrs où vivre hors du campus, j’ai refusé d’écrire l’article. Tout simplement parce que les statistiques sur lesquelles je devais me baser étaient trop imprécises: le classement n’aurait donc eu aucun sens.

Je les adore, mes petits camarades de UNC, mais leur côte parano me court un peu sur le haricot.

L’article a donc été remplacé par une colonne d’opinion (voir ci-dessus).

Remarquez le détail qui tue: l’alarmante carte google couverts de petits plots marquant les incidents répertoriés entre 2009 et 2010. L’image est publiée sans légende ni explication. Elle communique exactement le contraire de ce que j’essayais d’expliquer (en gros, qu’il n’y a pas de quoi s’inquiéter, UNC-Chapel Hill est extrêmement sûr.)

10 things I wonder about

Exercice en cours de Creative Writing.

10 Things That I Wonder About

By Bjorn Pedersen

  1. Why do people spend so much on coffins?
  2. Why can my phone accidentally dialing in my pocket access features I didn’t even know about?
  3. Why are room maximum capacity requirements so specific?
  4. Why do I indefinitely put off writing important emails?
  5. Why do people cut huge arm holes in their workout shirts?
  6. Why do all the environmentalists I know smoke?
  7. Why does my Chinese math professor pronounce “v”’s as “w”’s?
  8. Why don’t I mind working, but mind starting to work?
  9. Why do all the people who share my interests seem to be crazy?
  10. Why do people have to sit at the entrance to my dorm to discuss private things?

Je n’ai pas de talent

photo: Travis Drove

« Je n’ai jamais pensé que j’avais le moindre talent en photographie, mais j’essaye quand même, » nous a dit Travis Drove, lors de la rencontre mensuelle organisée par l’école de journalisme entre un photographe et les étudiants.

Quand tu entends ça alors que depuis une demie-heure défilent sur l’écran ses photographies, toutes plus incroyables et originales les unes que les autres et qu’il a publié un reportage dans National Geographic, t’as envie de lui dire : oh mon gars faut pas pousser, la modestie ça va cinq minutes mais bon…

Mais il est sincère, Travis Drove : en personne, comme dans ses photographies. Il a l’air de se demander ce qu’il fait là, à présenter son travail aux étudiants de UNC. Il a tout juste la trentaine, une bonne bouille.

Le photojournalisme n’est pas mort. Il y aura toujours des univers fous à explorer, des nouveaux mondes à comprendre, des choses merveilleuses à montrer.

Tous les reportages de Travis Dove sont ici : http://www.travisdove.com/

… dont un sur une communauté de skateurs punks du Midwest (dont la photo ci-dessus est extraite) et le résultat de ses 10 semaines de travail avec les moines du mont Athos en Grèce.

Miss America 2010

Intense expérience culturelle hier: avec mes colocs, on a regardé Miss America 2010 à la télé !

Même principe qu’en France, sauf qu’il est demandé aux candidates de faire un peitt numéro artistique.

La plupart choisissent de chanter ou de danser, d’où un fou rire mémorable avec mes colocs devant les chansons toutes plus mièvres et stéréotypées les unes que les autres: Miss Kentucky avec son tutu ridiculement court et son numéro de ballet, Miss Hawaii et son collier de fleurs local, Miss Virginia et ses trémolos imitation opéra, le tout sur les applaudissements hystériques du public.

Le plus drôle étant quand même la séance de questions « par des vrais Américains de Las Vegas »  où le but est de donner la réponse la plus consensuelle possible: « – Qu’est-ce que vous pensez de l’aide envoyée à Haïti? » « – Je trouve que c’est bien! Je suis fière d’être Américaine et je pense qu’il faut défendre la liberté! Si je suis élue, je respecterai ces valeurs! »

Ce sont souvent des filles du Sud qui gagnent, parce que les concours de beauté sont plus populaires dans le Sud. Certaines y participent depuis qu’elles sont bébés… comme dans le film Little Miss Sunshine.

Les critères de beauté sont les même de part et d’autre de l’Atlantique: cheveux longs, pas un poil de graisse, grandes, jeunes.

Je ne sais pas bien pourquoi on regarde ça. C’est triste à pleurer, toutes ces filles crispées. Elles font vaguement penser à des dindes élevées en batterie, rasées au bec à gaz, serrées dans leurs robes satinées, débarrassées du moindre défaut, bien dressées. Alors, pourquoi?

L’heureuse élue gagne un an de bourse pour étudier dans l’université de son choix et l’obligation de faire le tour de toutes les organisations de charity business possibles et imaginables, pour des enfants malades, la plupart du temps (c’est bien, ça ne choque personne).