Goodbye stranger

En juin, on a voyagé en train pendant un mois avec Clément, mon meilleur ami.

De Washington à Chigaco, puis Albuquerque, le grand canyon, Los Angeles, San Francisco, Portland, Seattle.

Rencontré des Amish, bu du vin en cachette, dormi sur le plancher d’un énorme squatt à Portland, pas lavés pendant 5 jours, des burritos, des hamburgers, une randonnée dans le Canyon, des écureuils, des gens tous plus fous les uns que les autres.

Ce pays est dingue.

C’était fou, c’était un peu trop, c’est allé trop vite.

L’année a galopé à toute vitesse, j’ai bien pleuré en quittant ma maison verte et les écureuils, à Carrboro ; et puis j’ai pris l’avion.

Je suis à Paris depuis un mois.

J’espère repartir, bientôt, partout, et puis écrire.
Un écureuil et des pancakes c’est fini.

Love

Chien blanc, The Graduate et les 30 degrés à l’ombre

Il s’est mis à faire très chaud, tout d’un coup. Les moustiques ressuscitent, les filles du campus ressortent leurs jambes musclées par des heures de tapis roulant, dehors la chaleur assomme et à l’intérieur des bâtiments on gèle – l’amour des américains pour la clim a tout de pathologique.

Il y avait examen d’histoire ce matin, et un paper à écrire, mais vraiment, j’ai beau essayer de me convaincre que si, je peux y arriver et le faire, que c’est pas la mer à boire, un petit paper de rien du tout, vraiment, je peux pas, c’est plus fort que moi ; ça me file des crises d’eczéma, des brûlures dans le dos, une envie irrépressible de foutre le camp et de me cacher dans les buissons, ou sur le toit, enfin quelque part où personne ne me demandera d’être intelligente, organisée et réfléchie.

Du coup en sortant pour oublier tout ça je me suis dépêchée de me mettre à faire ce que je préfère au monde (à égalité avec inventer des histoires et manger des meringues au chocolat et d’autres choses) – lire des romans. Mon amoureux se moque de moi, il me traite comme un animal exotique, le Cacoune, un mélange d’écureuil, de baby bush et de raton-laveur.

L’entretien du Cacoune, prétend-il, est assez simple du moment qu’on lui fournit un lit confortable et une douzaine de romans, des cigarettes, du chocolat et des câlins réguliers. Je grogne contre une telle objectisation mais ça me fait encore plus ressembler  à un animal domestique.

(ici, parenthèse explicative. Cacoune, comme le raconte la légende familiale, c’est le nom que je m’étais donné quand j’ai commencé à parler. Je faisais la sourde oreille à mon vrai prénom, Victoire. A la question « Comment tu t’appelles? », je répondais invariablement  » -CACOUNE! ». Apparemment ça m’est passée au moment d’entrer à l’école, mais le surnom est resté)

Donc juste après mon examen raté, je suis allée à la bibliothèque Davis et j’ai pillé le rayon littérature française. Allongée sur la pelouse du quad sous la bannière étoilée avec un grand café, un paquet de Camel, j’ai laissé l’après-midi passer en lisant Chien Blanc, de Romain Gary.

A chaque fois c’est pareil. Romain Gary me retourne. Chien Blanc, c’est l’histoire d’un chien arrivé par hasard chez Gary et sa femme, l’actrice Jean Seberg, à Los Angeles (oui, parce que Gary, en plus d’être pilote dans la Résistance, a aussi été réalisateur, écrivain, et consul de France aux Etats-Unis). Donc Chien Blanc est un adorable berger allemand, très gentil et très affectueux, sauf avec les Noirs, qu’il manque d’égorger à chaque fois qu’il en voit un. Romain Gary et Jean Seberg s’aperçoivent que Chien Blanc est en réalité un chien-policier dressé à attaquer et à tuer les Noirs (dans le Sud, certains chiens étaient apparemment utilisés pour la « chasse à l’esclave » dans les plantations, puis comme chiens de garde et d’attaque anti-Noirs après la guerre de Sécession)

Dans le roman il y a tout ça, le mouvement noir américain en 1968, l’assassinat de Martin Luther King, l’engagement de Jean Seberg, pourchassée par le FBI et accusée par les noirs comme les blancs d’être une « white bitch » et une « nigger lover ». Il y a Gary et son amour des chiens et des hommes, c’est pareil, sa rage et son amour, « l’amour des chiens et l’horreur de la chiennerie, » comme il écrit. Ca parle des Blancs, des Noirs, des hommes, des serpents python, de Gary et de sa manière d’être au-dessus de la politique, Gary avec ses tripes et son humour et son détachement et son indécrottable humanisme… bref c’est beau, et c’est souvent très drôle, ça m’a fait chialer, lisez-le.

Un peu plus tôt dans l’après-midi j’ai lu Du journalisme après Bourdieu, de Daniel Schneidermann. Dans un autre genre, c’était très bien aussi ; ça m’a remis un certain nombre d’idées en place. Schneidermann réplique au best-seller de Bourdieu, Sur la télévision. Salutaire pour moi, aspirante journaliste, qui ait la tête déjà courbée sous le poids de la culpabilité d’être une paresseuse du ciboulot à l’ignorance crasse, simplificatrice, future esclave de l’audimat, de la brièveté et du scoop – bref, un membre de la méprisable espèce des pisse-copies.

C’est fou comme ca arrive par grappes, les émerveillements; pendant des semaines, rien, calme plat. J’avais essayé pourtant; j’avais emprunté du Francois Begaudeau, du Faulkner, des films de Costa-Gavras, mais ça ne m’avait rien fait du tout. Je laissais tomber les grandes oeuvres de Faulkner pour lire Cosmo avec du café trop fort sur la terrasse en coupant les ongles de pied (glamour), entre deux épisodes de 24h chrono (si si, c’est bon pour mon anglais, je prétendais, dans une tentative maladroite de masquer ma procrastination pathologique)

La série émerveillements a commencé hier soir, au cinéma. J’ai été voir The Graduate.

Film fabuleux, avec une géniale bande originale de Simon and Garfunkel (c’est pour ce film qu’ils ont écrit « Mrs Robinson » ou « The Sound of Silence », entre autres). Californie, début des années 60 ; Dustin Hoffmann dans le rôle principal, un jeune fraîchement diplômé, plutôt franchement paumé et très puceau. Le film est tout plein de plans mi-poétiques, mi-cauchemardesques, comme quand sa famille lui hurle qu’ils sont tellement, tellement fiers de lui, qu’il a le vertige et qu’il se laisse tomber dans la piscine pour ne plus les entendre. Il se fait violer par la femme de l’associé de son père, tombe amoureux de la fille, grandit, se prend deux trois bonnes portes dans la gueule comme ça arrive dans la vie ; la fin je ne vous la raconte pas mais c’est vraiment chouette, une histoire de kidnapping de mariée et de bus municipal.

Quelle belle journée.

Demain (ou après-demain, je perds un peu beaucoup le rythme du billet quotidien depuis quelque temps, je suis désolée), je vous raconterai comment je me suis presque faite expulser du pays au mois de janvier.

love et moustiques (et fuck les 15 000 bombasses du campus)

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La fille avec du vernis à ongle orange

Dernier cours de Creative Writing…

Ca a vraiment été mon cours préféré de tous les cours que j’ai jamais eu. Chaque semaine, on devait écrire un texte de fiction et l’envoyer à toute la classe.  Les cours consistaient à une discussion sur les textes soumis: critiques, commentaires, suggestions d’amélioration, etc.

Pour le dernier cours j’ai envoyé un petit texte qui s’appelle « Every moment counts. »

Le titre, c’est à cause de la phrase qui a été imprimée tous les jours dans le Daily Tar Heel en signe de commémoration pour Eve Carson, l’ancienne présidente du Student Body. Elle a été sauvagement kidnappée et asssassinée l’année dernière. C’est une histoire horrible.

Comme Eve Carson aurait dit un jour « Every moment counts, »  tous les jours dans le journal on avait le droit à une suggestion du genre « soyez gentil avec votre voisin », « appelez un ami pour lui dire que vous l’aimez » (en commémoration d’Eve Carson, donc…)

Si si, y’a un rapport avec le truc.

Bref, alors j’ai donné mon texte, les gens l’ont critiqué, et il y a cette fille dans ma classe, Madison P. elle s’appelle, qui m’a tendu un petit mot qu’elle avait écrit sur du papier à ligne avec une jolie écriture très droite: (attention, hein, je préviens, les compliments ici c’est excessif, tout est great et awesome et extraordinaire, c’est culturel)

« Victoire,

Je suis surprise de la puissance que tu peux donner à un texte si court – j’ai honte, parce que je crois que je suis cette fille dont tu parles, qui porte du vernis à ongle orange. […]

Madison P. »

Bref et je raconte ça pas pour me vanter mais parce que ça m’a surprise, c’est vrai que j’ai pensé à Madison P. et à Claire Z. et Audrey R. qui sont dans des sororities, qui sont riches et qui vivent dans des banlieues ultra-sécurisées et qui trouvent que c’est triste quand même les enfants en Afrique, qui envoient leurs dons par texto quand elles regardent le séisme en Haïti en se peignant les ongles. Et après j’ai un peu regretté, je suis une sale moralisatrice pleine de jugement. Bref.

Le texte est là:

Every moment counts

In their new and expensive house, you hear the air conditionning purring through the walls. The fridge makes icecubes and the lights can be dimmed. Every time the door is opened or closed, it makes a clear, shrill sound. It is safer that way.
There are humans living in the new expensive house. On a second floor, there are four rooms, and in one of them, a twenty-year-old girl, with two brown eyes under perfectly twizzled eyebrows. Her hair has never smelled like firewood, she has never waited for a train and never cleaned dirty toilets. She has a nice smile, white teeth, and there is a flag on the porch.
In their world, entertainment stands for politics. When they are sad they take a trip to the mall; shopping against sadness, work against nightmares, charity instead of revolt.

Mais quelle heure il est?

Hourrah!

Hier, j’ai appris que j’étais admise à l’école de journalisme de Sciences Po

-merci Inès- (qui m’a prévenue de la nouvelle sur Facebook)

Je suis contente et soulagée, et impatiente que septembre arrive.

Je vais faire un petit speech aussi stupide et désemparé que celui ma fête d’après-oral à Paris. Fête durant laquelle j’ai fait un peu honte à ma maman en bredouillant des remerciements bien niaiseux – je crois qu’elle aurait préféré que je fasse un triple salto arrière en récitant des alexandrins en grec ancien (j’t’aime, maman). J’espère être plus douée pour écrire des articles que pour faire des discours.

Alors merci à ma Maman, à ses ami-e-s (Hélène…), à mes grands-mères et à ma soeur et à mes frères, à mon parrain, merci à mes ami-e-s, à ma famille, à tous les gens qui m’ont donné de l’argent, des bisous, des mots et des encouragements pour que je revienne à Paris pour passer l’oral de l’école de journalisme. Et merci à tous ceux qui m’ont patiemment écoutée radoter sur le thème « pourquoi je ne serai jamais jamais de la vie admise » en deux parties deux sous-parties, et pourquoi je ferai mieux d’aller planter des carottes en Patagonie/des myrtilles dans l’Oregon/équivalent.

………………………..

Bon. Des nouvelles de la Caroline.

En plus des ratons-laveurs dans le grenier et des cafards dans les casseroles, nous avons maintenant des bébés écureuils qui se coinçent entre les murs du premier étage. Ils tombent dans le trou dans le toit. On les entend pousserdes petits cris pitoyables toute la nuit et le chasseur d’écureuil (Stan) vient régulièrement nous rendre visite avec ses gants en latex et sa cage en fer (miam)

Cette fin d’année a un début de goût de fin de fête.

La ville de Carrboro a arraché 8 (HUIT! HUIT!) arbres devant la maison pour faire un trottoir (très utile, dans une rue au traffic moyen de 20 piétons par jour). Mais du coup je fume des cigarettes avec les Mexicains qui nous réveillent tous les matins avec leurs tracteurs (qui font « BIIIIP, BIIIIIP » toutes les 4 secondes – c’est une mesure de sécurité obligatoire, paraît-il)

Mon amoureux à grandes lunettes vient d’apprendre les noms des animaux de la ferme en français (oui, parce qu’en janvier il a décidé d’apprendre le français).

Du coup, ce matin il m’a dit « viens ici, mon petit poulet » et « tu es jolie comme oune petite lapin » avec le plus effroyable accent américain que j’ai jamais entendu (entendre « vien ee-ci, ma peuti pouleey »). Le reste du temps, il me dit les histoires du Petit Nicolas, et je fais semblant de comprendre.

(-« Cooomm Agnan étay lay chouw-chouw dey la maytreysse, on-ne-pouveeey-paa-lui-donney-dey-cou-de-poing sur le neze

– Sur le « né ».

– You guys just love to add random letters for the hell of it, don’t you? »)

Samedi dernier il y a eu le banquet d’adieu du Daily Tar Heel. Comme les discours s’éternisaient et que tout le monde avait beaucoup trop bu, j’ai demandé à faire un discours aussi. On m’a laissé le micro.

Pendant trois minutes j’ai copieusement insulté tout le monde en français avec plein de gros mots années 50 ( J’ai dit « Foutre Dieu », « scrogneugneu »et « bande d’anchois à plumes », et j’ai ajouté avec un grand sourire qu’ils n’étaient qu’une « bande de snobs blancs insupportables et abrutis adorateurs de la Sainte Neutralité » (ou équivalent en plus pâteux, j’avais un peu bu aussi, hein)).

Croyez-le ou non, ils m’ont tous chaleureusement applaudie (« Victooooaaare!! »)

Mais en vrai, je les aime bien et c’était vraiment une expérience génial, d’écrire pour le Daily Tar Heel.

C’était juste pour voir si quelqu’un allait comprendre, je trouvais que c’était rigolo, comme blague.

Un peu comme mon copain Thomas L.G., par ailleurs très bien élevé et fort agréable, mais qui a pris la fâcheuse l’habitude de faire répéter à tous les étrangers qui veulent apprendre quelques mots de français : « J’aime… me… mettre… des brosses à dents… dans…le…cul. »

(en restant sérieux comme un pape, bien entendu. Très douteux mais j’en rigole encore.)

Plus que neuf jours.

L’écureuil mange de la baguette plutôt que des pancakes

… à Paris depuis hier.

Gavée de fromage puant, de baguette et de vin rouge.

J’ai des crampes aux joues tellement je souris.

A la semaine prochaine!

L’Amérique de Jean Baudrillard, 2

Au moins ça me donne une bonne raison pour détester les tapis roulants à la gym.

« On arrête un cheval emballé, on n’arrête pas un jogger qui jogge.

L’écume aux lèvres, fixé sur son compte à rebours intérieur, sur l’instant où il passe à l’état second, ne l’arrêtez surtout pas pour lui demander l’heure, il vous boufferait.

Il n’a pas de mors aux dents, mais il tient éventuellement des haltères dans les mains, ou même des poids à la ceinture […]

Ce que le stylite du IIIe siècle cherchait dans le dénuement et dans l’immobilité orgueuilleuse, lui le cherche dans l’exténuation musculaire du corps. Il est le frère en mortification de ceux qui se fatiguent conscieusemeent dans les salles de remusculation, sur des mécaniques compliquées avec des poulies chromées et des prothèses médicales terrifiantes. Il y a une ligne directe qui mène des instruments de torture du Moyen Âge aux gestes industriels du travail à la chaîne, puis aux techniques de reculturation du corps par des prothèses mécaniques.

[…]

courir obstinément par une sorte de flagellation lymphatique, jusqu’à l’épuisement sacrificiel, c’est un signe d’outre-tombe. Comme l’obèse qui ne s’arrête pas de grossir, comme le disque qui tourne indéfiniment sur le même sillon, comme les cellules d’une tumeur qui prolifèrent, comme tout ce qui a perdu sa formule pour s’arrêter.

Toute cette société ici, y compris sa part active et productive, tout le monde court devant soi parce qu’on a perdu la formule pour s’arrêter. »

Mangez un gris, sauvez un rouge

Une guerre fait rage en Europe.

Les écureuils gris d’Amérique exterminent les écureuils roux d’Europe.

Ils les chassent de leur habitat, dévorent leurs réserves de nourriture, et leur transmettent des maladies.

Faites un geste pour nos forêts.

Le prochain écureuil gris que vous voyez, courrez chercher votre carabine, et tirez-lui dessus.

Après, c’est facile: il se dépiaute comme un lapin ( ouvrez le ventre avec un couteau aïguisé, sortez les entrailles, et retournez la peau comme un gant). Ca a à peu près le même goût et ça vous changera du poulet.

Pour le cuisiner, je vous conseiller le gâteau d’écureuils.

Coupez les deux écureuils que vous avez chassés en petits morceaux. Trempez les dans de l’eau salée, ou de l’eau avec du vinaigre, en changeant l’eau plusieurs fois (3 ou 4). Egouttez, séchez les morceaux de viande, et roulez-les dans de la farine. Faites-les revenir à la poêle dans de la graisse de porc (ou du beurre) jusqu’à ce qu’ils soient légèrement dorés. Ensuite, placez les dans un moule à gâteau préalablement beurré, ajoutez 1L de sauce (vinaigre+eau), salez, poivrez. Ajoutez un oignon émincé et les herbes de votre choix.

Couvrez et faites cuire au four à chaleur maximum (thermostat 7 ou 8) pendant 1h et demi.

Une fois cuit, rajoutez un peu de farine pour épaissir la sauce et couvez le tout avec de la pâte à gâteau.

Remettez au four pendant 20 min.

Tasty?

d’autres recettes pour cuisiner l’écureuil sont disponibles ici : http://www.bowhunting.net/susieq/squirrel.html

A la bibliothèque

L’autre jour, je suis tombée sur le bouquin de Jean Baudrillard, « L’Amérique ». Les photos sont chouettes et le texte renferme de vraies perles.

Rien de révolutionnaire dans ce texte sur cette étonnante culture américaine du sourire, mais j’aime beaucoup comment il la décrit :

« Le sourire que chacun t’adresse en passant; crispation sympathique des maxillaires sous l’effet de la chaleur humaine. C’est l’éternel sourire de la communication, celui par lequel l’enfant s’éveille à la présence des autres, ou par lequel il s’interroge désespéréément sur la présence des autres, l’équivalent du cri primal de l’homme seul au monde. Quoi qu’il en soit, on vous sourit ici, et ce n’est ni par courtoisie ni par séduction. Ce sourire ne signifie que la nécessité de sourire. C’est un peu comme celui du chat de Chester [NDLR: celui du chat dans Alice au Pays des Merveilles] : il flotte encore sur les visages après que tout affect a disparu.

Sourire à tout instant disponible, mais qui se garde bien d’exister et de se trahir. Il est sans arrière-pensée, mais il vous tient à distance. Il participe de la cryogénisation des affects, c’est d’ailleurs celui qu’affichera la mort dans son funeral home, ne perdant pas l’espoir de garder le contact, même dans l’autre monde.

Sourire immunitaire, sourire publicitaire : « Ce pays est bon, je suis bon, nous sommes les meilleurs. »

Sourire auto-prophétique, comme tous les signes publicitaires: souriez, on vous sourira. Souriez pour montrer votre transparence, votre candeur. Souriez si vous n’avez rien à dire, ne cachez surtout pas que vous n’avez rien à dire, ou que les autres vous sont indifférents. Laissez transparaître spontanément ce vide, cette indifférence, illuminez votre visage du degré zéro de la joie et du plaisir, souriez, souriez…

A défaut d’identité, les Américains ont une dentition merveilleuse. »

God bless

Je voulais parler des techniques de management de Walmart.

Mais tout à l’heure je suis tombée sur ça, et c’est quand même bien drôle.

Selon un sondage en ligne mené par la société Haris Interactive auprès de 2350 adultes américains:

32% des américains pensent qu’Obama est musulman

25% pensent qu’il n’est pas né sur le territoire américain et donc qu’il n’a pas le droit d’être président

23% pensent qu’Obama est raciste

23% pensent qu’il est anti-Américain

20% pensent qu’il a fait beaucoup de choses qu’Hitler avait faites

et 24% des électeurs républicains pensent qu’Obama pourrait bien être l’Antéchrist.

Certes, il faut être prudent, comme avec tous les sondages, et je n’arrive pas bien à comprendre la méthologie de celui-ci

(si un spécialiste des statistiques peut m’expliquer…?)

Bonne journée!

Pire que les dealers, les syndicalistes

Dans les grosses entreprises américaines — Walmart, Staples, Target, Food Lion, etc. — les employés fraîchement embauchés doivent souvent visionner des vidéos anti-syndicales lors de leur formation.

C’est Christian et son frère qui m’en ont parlé. Christian a travaillé chez Staples, son frère Matthew, chez Target (chaîne de supermarchés concurrente du géant Walmart).

Au début je ne les croyais pas, je pensais qu’ils me racontaient des bêtises, comme quand je leur avait dit que j’avais hâte de rentrer en France pour m’occuper de mes grenouilles domestiques (que j’élève dans une piscine en plastique et que je fais griller quand j’oublie d’acheter du poulet, sauf quand mon père décroche sa hache du mur pour aller chasser des sangliers, comme les Gaulois dans Age of Empire II)

En fait pas du tout.

Beaucoup de gens m’ont confirmé avoir visionné de telles vidéos juste après leur embauche.

J’étais déçue de ne pas trouver beaucoup de clips sur le net (apparemment certains auraient été supprimés suite à des menaces de poursuites judiciaires par les avocats des entreprises) mais j’en ai quand même trouvé un, utilisé par Walmart (le géant de la distribution):

Pendant la première minute, la manager explique que chez Walmart, les cadres ont à coeur d’être à l’écoute de leurs  « collaborateurs ».

Mais c’est la deuxième minute la plus drôle, tellement la ficelle est grosse.

Extrait.

Trois employés de Walmart et un manager discutent.

Employé n°1 : « – Quoi? Tu étais dans un syndicat?! »

Employé n°2 : « – Hé oui. Mais crois-moi, je ne m’y laisserai plus jamais attraper! J’ai rendu ma carte. »

Employé n°3 : « – Moi aussi j’étais dans un syndicat. Mais à cause du syndicat, l’entreprise a perdu beaucoup d’argent. On a perdu tous nos clients et résultat, l’entreprise a fermé, et on s’est tous retrouvés au chômage. »

(le manager approuve)

Je viens à l’instant de demander à Christian de me re-raconter la vidéo qu’il avait vue pendant sa formation de vendeur chez Staples (magasins de fournitures bureautiques, 70 000 salariés, 27 millions de dollars de chiffre d’affaires en 2009):

« Des employés de Staples se garent sur le parking du magasin pour aller travailler. Des types avec des vilaines gueules, à l’air retors (« devious« ) s’approchent des employés.

Ce sont les responsables des syndicats.

Ils proposent aux employé de Staples de rejoindre le syndicat :

– Prenez votre carte, les gars!

Et les employés lèvent la main en signe de refus et répondent fermement:

– Non! nous on n’en veut pas, de votre syndicat. Tout va bien chez Staples, ici nous sommes écoutés et Staples nous traite très bien! »

(fin de la scène et début d’un petit documentaire  General Motors, ruiné par les syndicats de l’automobile tous liés à la mafia)

Demain, je vous raconterai comment Walmart a éradiqué toute velléité syndicale et comment ils ont inventé la politique manageuriale dite « de la porte ouverte ».

Des nouvelles des ratons-laveurs et des cafards

Je suis vraiment, vraiment contente de revenir à Paris la semaine prochaine.
Pas pour trop longtemps, hein, quelques jours, c’est parfait.
Juste le temps de savourer un verre de vin rouge en terrasse sans qu’on me demande ma carte d’identité, avec une cigarette sans qu’on me fasse la morale pendant trois heures, après un bon film plein de dialogues interminables et de plans fixes comme Hollywood en a horreur. Le tout assorti de deux ou trois tartines de fromage qui PUE. Du crottin de chavignol bien fait, par exemple, sur une baguette avec de la vraie levure vivante, à déguster avec famille et amis, avant qu’on s’engueule tous copieusement sur un quelconque sujet un peu polémique.

D’ailleurs, j’en profite pour dire, comme ça c’est plus officiel qu’un mail, c’est sur ce blog et tout: MERCI encore à vous tous qui avez cotisé à l’achat de mon billet d’avion, j’ai hâte de vous voir à la fête du 9 avril prochain.

Sans transition (oui, voir les Guignols en famille ça me manque, aussi)

Nous cohabitons en bonne harmonie avec les ratons-laveurs du grenier et les colonies de cafards de la cuisine. Heureusement, ils ne puent pas quand on les écrase.
Ils dévorent actuellement les fondations de la maison, mais je pense être partie avant qu’elle ne s’écroule.

Sans transition encore, j’ai enfin terminé une nouvelle pour mon cours de Fiction Writing, c’est encore plein de trucs pas très propres, comme des cendriers sales et des mélanges liquides en pleine grève des éboueurs, juste pour le petit plaisir de provoquer (c’est puéril, je sais).

C’est dans « Ecriture pour rire », en haut de la page, et ça s’appelle « Plastic bags ».

love, love

Grinding party

Au pays de Dieu, ils dansent, aussi.

Vous voyez le film Dirty Dancing? Rappelez vous le moment où Baby, l’innocente héroïne, entre dans les quartiers des employés du camp de vacances, avec une pastèque dans les bras, et observe mi-fascinée, mi-choquée, la piste de danse, avec tous ces couples en sueur qui se frottent les uns contre les autres. C’était considéré comme à la limite du décent dans les années 80.

Maintenant vous imaginez la même chose, aujourd’hui, dans toutes les soirées de toutes les universités américaines, mais en dix fois plus suggestif.

Cette manière de danser m’a encore frappée la dernière fois que je suis allée à Players, la boîte de nuit de Chapel Hill qui vend de la bière pas chère.

Les filles tournent le dos aux garçons, leurs fesses plaquées tout contre l’entrejambe de ces derniers, les deux ne remuant que les hanches. Souvent elles se penchent à 90°, donc il n’y a plus que leurs fesses en contact, dans une danse sans équivoque.
Il est complètement admis de danser comme ça ici, avec n’importe qui, surtout des gens que vous ne connaissez pas.

Ca s’appelle du grinding : to grind se traduit par « moudre » (ce qui vous donne une idée du mouvement)

On peut aussi pratiquer le grinding entre filles (pas entre garçons), et même en groupes de trois (deux filles et un garçon ou trois filles).

Le plus étonnant, c’est le paradoxe avec les normes en vigueur hors de la boîte de nuit. Ici, surtout dans le Sud, on se tient beaucoup plus loin de son interlocuteur qu’en Europe, sous peine d’être considéré comme franchement mal élevé. On ne fait pas la bise, et si on fait des hugs (des « embrassades »), on les fait du bout des doigts, sans que les épaules ou la poitrine ne se touchent.

J’ai cherché en vain une bonne vidéo sur le net pour illustrer le grinding, voilà ce que j’ai trouvé de mieux :

Promis la prochaine fois que je retourne à Players je ramène des vidéos!

Have a nice day

Jésus revient

D’un coup, tout m’irrite.

Après quelques mois d’enthousiasme immodéré, je traverse une période de rejet total du pays.
Les fast-food, les légumes hors de prix, les grandes routes, les villes sans âmes, les centres commerciaux climatisés et oooh greaaat, awesome !, la télé, j’en peux plus.
Mais le pire, je crois, c’est d’entendre parler de Dieu tous les jours, tout le temps.

Par exemple, il y a plein de parents qui n’envoient pas leurs enfants à l’école parce qu’ils veulent leur donner une éducation religieuse. Je connais personnellement l’une de ces familles.

L’autre jour, intriguée par les couvertures, j’ai feuilleté les bouquins qu’ils donnent à étudier à leurs enfants, qui ne vont pas l’école: « History of the World in a Christian Perspective », « God’s gift of Language », « Observing God’s World »…

Voilà ce qu’on peut lire dans leur livre de sciences naturelles, intitulé « Observing God’s World » (« observer le monde de Dieu »)

« Chapitre 5 : L’origine de l’Univers

« Science cannot tell us about the beginning of the world and the beginning of life […] We can know about God’s creation of the universe because He has told us about it in His Word. No other person was there in the beginning; the Bible contains God’s true and reliable written record of what happened at Creation, and we accept this record by faith. »

Les deux pages suivantes sont consacrées à la Genèse, censée expliquer la création de l’univers.

et voici le dernier paragraphe, qui clôt le chapitre :

« Throughout history there have been people, even scientists who have though up their own stories of how things came to be. Many myths, hypothesies, and theories of creation have been developed and discraded, but no one but the Designer and Creator of the universe is qualified to tell us how our magnificient universe really came into existence. From the time of Adam to the age of the astronauts, people who have earnestly wanted to know how our great universe came to be have looked to the Creator for the answer. And those who have searched for Him sincerely have found Him. Jesus said : « Blessed are the pure in heart: for they shall see God » (Matthew 5:8). Have you seen Him as you have sought to understand more about God’s great universe? »

Mais mon livre scolaire préféré, c’est l’histoire.

Sur la Guerre de Sécession :

« […] But by this thime, the South depended on its slaves; even though fewer than fiver percent of the White Southerners owned slaves; and half of these had no more than five slaves each. If the Southerners freed their slaves; how could they make a living? And how would the freed slaves earn a living? There were no easy solutions to the problem of slavery. »

(« Si les Sudistes libéraient leurs esclaves, comment pouvaient-ils gagner leur vie? Et comment les esclaves libérés pouvaient-ils gagner la leur? Il n’y avait pas de solution facile au problème de l’esclavage »)

« Chapitre 11 – 1920 : Le temps des infidèles

Americans were still so firmly grounded in the Bible and its teachings that people who wanted to follow a worldly lifestyle often left the US to live in Paris or London. This was true especially of authors who had bitter feelings against the US and Christinaity. At least 85 American authors lived in Europe at this itme, and many of these attacked the Bible in their writings. Some writers in our country and abroad taught the ideads of socailism and Communism, and some of their ideas spread to the teacher’s colleges. Fortunately, the majority of the American people listened to the positive Bible teachers and preachers rather than to the negative writers.  »

Un peu plus loin, le chapitre sur la Grande Dépression, où l’on apprend que :

« President Franklin D. Roosevelt thought of a way to create jhobs through projects such as building highways, dams, and bridges. The men who worked on these projects were paid by the government. But the government was just as poor as everyone else. Where did the money come from to pay these men? In a risky move, the government began to spend more money than it had. Though the government may have helped people temporarily during the Depression, some of the policies set up then have caused serious problems that still plague us today. »

(conclusion : le gouvernement aurait dû laisser mourir les millions de chômeurs de la Grande Dépression au lieu de leur donner du travail, ok?)

Le chapitre sur les Civil Rights movements (dans les années 60) est ridiculement court, Martin Luther King Jr est un gentil et d’ailleurs « beaucoup d’Américains étaient d’accord avec lui », jusqu’à ce que de méchants « activistes avides de pouvoir » viennent « pervertir le mouvement », provoquant « des émeutes qui ont terrorisé les quartiers noirs »..

Il n’est bien sûr nulle part fait mention des lynchages de noirs, ni du Ku Klux Klan, pourtant bien Chrétiens.

Ensuite on y lit que l’avortement, légalisé par la Cour Suprême après le cas Roe vs Wade, est « l’assassinat des bébés à naître » (« the killing of unborn babies »)

Enfin, le livre d’histoire se clôt par cet éloquent paragraphe, sur l’élection de George W. Bush :

« In his first official act as President, George W. Bush declared January 21, 2001, a national day of prayer and thanksgiving. As Christians, we should take the opportuity daily to pray for our national leaders taht we « may lead a quiet and peaceable life in all godliness and honesty » (1 Tim. 2:20) Althought there can never be true world peace until Jesus returns, we should be thankful to live in a country where we still have such great freedoms, and we should do all we can to keep those freedoms from passing away. »

(« Même si le monde ne peut véritablement être en paix jusqu’à ce que Jésus Christ revienne, nous devrions tous être reconnaissants de vivre dans un pays où nous avons d’aussi grandes libertés, et nous devons tout faire pour que ces libertés ne meurent jamais »)

God bless America!

Bons baisers de Savannah

Pour les vacances de printemps, Christian et moi avons mis cap sur le Sud, direction la Caroline du Sud et la Georgie.

(Ici, parenthèse : Christian, c’est mon-amoureux-américain. Il est tout blond, avec des yeux bleus derrière ses grandes lunettes clownesques; il est beau et drôle et intelligent et incroyablement courageux ; il a une histoire dingue ; et je l’aime. Voilà qui est écrit.)

Je ne sais pas trop ce que je retiendrais de Charleston et de Savannah, les deux villes que nous avons visitées. Pas grand chose je crois. Des hordes de touristes retraités qui se promènent dans des calèches pour un tour de ville « authentique ».

Christian était émerveillé du fait qu’on puisse y marcher – fait rare dans le Sud. Moi, je sais pas… j’ai dû mal à m’extasier devant les églises en bois des années 60 et les rues pavées, mais je suis une insupportable Européenne snob gavée d’églises romanes et de villes millénaires.

Par contre j’ai adoré la route ; je n’étais jamais restée aussi longtemps dans une voiture. Et puis c’était un petit bout de mon rêve américain, aussi, nourri de Jack Kerouac et de Las Vegas Parano, ce long ronronnement du moteur sur des routes monotones.

Se lover dans le siège de la Buick que j’ai pris pour un vaisseau spatial, les yeux grands ouverts et la cigarette au bec, branchée sur les radios religieuses locales. Rouler au milieu de la nuit, voir défiler les panneaux verts avec des noms de villes inconnus et leur distance en miles, alternance monotone de parkings Walmart, de concessions automobiles, les fast-food drive-thru ouverts 24h sur 24h: Bojangles, KFC, Burger King, Waffle House.

Voir des panneaux géants plantés au bord de la route, avec un foetus géant dessiné et la phrase : « au bout de 18 jours mon coeur bat déjà! »

Les lumières violentes et la sirène d’une voiture de police.

Dormir quelques heures sur un parking avant d’être réveillés par les phares d’un gros camion citerne, vers les quatre heures du matin.

Puer l’essence, le vieux hamburger et le tabac froid.

….

Et puis d’autres cartes postales…

Perdus dans une rue de Savannah à la recherche de sandwich mexicains, la serrurerie Bradley, on « où aiguise tout sauf votre intelligence, on répare tout sauf les coeurs brisés».

A Savannah, dans une épicerie ouverte 24h sur 24h, j’ai payé 1 dollar 50 pour un Crime Blotter (« Le Registre du Crime »), journal agrafé où sont imprimés, sur neuf pages, les photographies de tous les habitants arrêtés de la semaine. Je l’ai acheté, pour voir. Toutes ces données sont disponibles gratuitement sur Internet et il est parfaitement légal de les imprimer.

Sous chaque portrait, assorti du nom complet du suspect, est inscrit le délit : conduite sans permis, ivresse publique, « open container » (c’est à dire avoir une bouteille d’alcool ouverte dans tout espace public), trouble à l’ordre public, vol à main armée, non-paiement de pension alimentaire. En page 8 et 9 s’étalent les photos, noms et adresses des délinquants sexuels de la région de Savannah.

Dans le même magasin, à côté du comptoir, sont présentés des films pornographiques enveloppés dans du papier orange ou bleu, selon la couleur des acteurs, noirs ou blancs… Adult Movie, Black or White.

Vous choisissez la couleur. Je me demande si ce classement n’est pas plus choquant que voir des paires de fesses en couverture.

Spring break time

En vacances!

Les pancakes reviennent lundi

des bisous au sirop d’érable

« Tar heel born, Tar heel bred, Tar heel dead »

Ca y est, je suis ENFIN allée voir un match de basketball. Il était temps, c’était le dernier de la saison.

J’ai vraiment essayé de me mettre dans l’ambiance, mais y’a rien à faire, je ne peux pas m’empêcher de penser qu’après tout, il ne s’agit que de grands gars qui courent après un ballon orange (mais je l’ai dit à personne parce que le basket, ici, c’est sacré)

Par contre j’aime bien les pom-pom girls et leurs saltos arrières, la fanfare de cent personnes, et tout cet improbable folklore autour des matchs.

Tout le monde est habillé en bleu, voire carrément peint en bleu, et tout le monde chante l’hymne de l’école en sautant partout.

Vous pouvez les écouter ici : http://tarheelblue.cstv.com/trads/unc-trads-songs.html

Hippy Funky Rice

Youpi! Ce matin, mon article a fait la une du Daily Tar Heel. J’étais drôlement contente.

L’article traite d’un nouveau mouvement de fermiers bio, les « cropmobbers » (de l’anglais « crop »: récolte, moisson et « mob »: mobilisation), qui se répand dans le reste du pays.

Ces fermiers atypiques, pour la plupart jeunes et très diplômés, fuient la vie de bureau et leurs carrières toutes tracées pour venir s’installer à la campagne. Quand un fermier a besoin d’aide pour la moisson ou d’autres travaux, il lance un appel sur internet: tout le monde peut venir donner un coup de main mais personne n’est payé.

Et ça marche: hier, à Moncure, quatre-vingts personne sont venus aider les fermiers de Edible Earthscapes à creuser des rizières. Pour les participants, qui n’avaient dans leur majorité aucune expérience, c’est l’occasion d’apprendre, de passer la journée dehors, de rencontrer de nouvelles personnes et de se sentir plus proches de la nature.

Je me suis éclatée à écrire ça hier: j’ai rencontré de sacrées personnalités, des gens courageux, intelligents, décidés.

Décidément ce pays est plein de paradoxes. Les valeurs des cropmobbers (solidarité, apprentissage mutuel) détonnent au royaume du capitalisme, de l’individualisme et du profit personnel.

http://www.dailytarheel.com/content/‘crop-mob’-takes-over-triangle

Aveda drama

Hier j’étais chez Aveda, l’école de esthetology and cosmetology de Chapel Hill — l’endroit où tout le campus se fait arracher les poils, pour être directe.

Tout était parfaitement normal en ce vendredi après-midi, la salle résonnait des cris de douleurs des clientes en voie de dépoilisation quand tout à coup: scandale.

On entend une dame, apparemment très mécontente, exiger qu’on appelle le directeur de l’école, hurler que l’école est dirigée par une bande d’incompétents, que sa vie est ruinée, qu’elle va devoir rester cloîtrée chez elle pendant des mois, etc, etc…

Il est apparu que la personne censée lui épiler les sourcils venait de lui arracher la moitié du sourcil droit.

Et là, ça devient marrant, un de ces moments où je me dis « youpi, je vis une expérience typiiiique »:

Le responsable arrive, et lui demande immédiatement de « baisser le ton de sa voix »

(note culturelle: on ne s’énerve jamais, c’est vraiment mal élevé et les américains ont horreur de ça ( self-control: celui qui ne sait pas maîtriser ses émotions négatives est un loser))

– et surtout : la dame menace de leur faire un procès.

Silence horrifié du responsable. Pour cause: avec un bon avocat, ce genre de procès peut effectivement aboutir et coûter au condamné des millions de dollars de dommages et intérêts.

Finalement, la dame a baissé le ton de sa voix et le responsable a proposé de « trouver une solution et un accord sur les dédommagements ». Je n’ai pas pu rester assez longtemps pour savoir ce qu’elle comptait finalement faire, mais je demanderai la prochaine fois.

Bon dimanche!

Où on fait des photos

… aucun rapport avec les Etats-Unis, ni avec le campus, ni avec le journal. C’est juste qu’hier j’ai pris des photos genre studio de mon copain Denver pour le devoir à rendre en cours de photo-journalisme. C’était marrant, j’avais monté les lumières et tout le bazar dans le salon, il a fait son crâneur en écoutant du David Bowie, on a bu de la bière et je lui ai fait des bisous au rouge à lèvres sur les joues (pour qu’il crâne encore plus, mais finalement j’ai tout mis en noir et blanc parce qu’on aurait dit qu’il avait été battu par des groupies en furie)

Sinon envoyez moi d’urgence des carottes et des poireaux, des pommes ou n’importe quoi qui ne contienne ni sucre, ni graisse, ni beurre de cacahuète, ça fait trois semaines que j’en ai pas mangé et que je me nourris alternativement de pizza hawaïenne, de burrito ou de BigMac.

Je m’intègre, quoi.

c’était monnombril.com, une information supportée par WordPress

Les gens dans mon bus

Sur le campus, tout le monde a une super voiture. En général les jeunes en reçoivent une en cadeau quand ils ont leur bac ou quand ils rentrent à l’université. Sur les parkings, elles s’étendent à perte de vue, les BMW, les Audi, Ford et même quelques Porsche.

On dirait des suppositoires géants. Bien lisses, automatiques, pas une rayure, le tout payé à crédit.

Comme tout le monde a une super voiture, si t’en as une moche (genre mon copain Christian qui roule en Ford Festiva 1991 rouge tomate), ça veut dire que t’es vraiment un looser.

Mais bon, tu peux avoir pire: être obligé de prendre le bus. Là ça te classe direct dans l’underclass, catégorie méga-méga-looser. D’ailleurs tu as peu de chances d’être blanc, tu es soit mexicain soit noir américain. Tu ne gagnes pas grand chose en bossant à UNC, au self-service ou au service de ménage. Les étudiantes ont peur de toi quand elles marchent seules dans la rue vers 20h : « Alors oui alors là j’ai vu un Mexicain derrière moi et il me suivait tu vois il avait une béquille mais il allait m’attaquer donc je suis restée à côté de la voiture de la police… »

Et comme tu n’as jamais pu te payer une visite chez le médecin parce que ça coûte un oeil, avec un peu de bol tu as en plus choppé un handicap ou une maladie grave (typiquement, un truc bénin qui a dégénéré parce qu’il n’a pas été soigné)

Mais ce qui est bien, c’est que quand tu as un peu de thunes à UNC,  tu ne prends jamais jamais  le bus, alors tu ne verras jamais tout ça.

Les baleines et les nerds

Je suis à la bibliothèque. Il est une heure du matin.

Vers minuit, la population de la bibliothèque change. De jeunes garçons à la peau pâle et aux grosses lunettes, les yeux rougis et les mains déformées par toutes les heures qu’ils ont passées devant leur ordinateur, sortent de leur caverne et viennent mangent des yogurts à la fraise sur les tables géantes. En bon anglais, on appelle ce genre de garçons et de filles des nerds (prononcer neurds), ce que Wikipédia définit comme « une personne solitaire et intelligente, à la fois socialement handicapée et passionnée par des sujets liés à la science et aux techniques »

J’ai découvert avec hilarité qu’on peut indifféremment utiliser le mot « nerd » ou « dork ».

Dork.

Dork, ça veut en fait dire « pénis de baleine. »

D’abord la langue américaine est décidemment fabuleuse. Rien que le fait qu’un tel mot existe exprès m’émerveille. En googlant tout ça, j’ai découvert qu’il existait même une « Whale’s Penis Church »

Je vois pas trop le rapport entre les gens autour de moi et le pénis de la baleine, mais je ne résiste pas au plaisir de poster la photo, histoire de donner une nouvelle preuve de mon élégance naturelle

EDIT (au café, il est 8h du matin): En fait je suis déçue, a « dork », ça veut dire pénis tout court en argot. Mais bon ça casse tout mon post alors comme c’est quand même un peu drôle je le laisse. Love et confiture

Les petits soldats de plomb

Samedi j’ai passé la matinée à la reconstitution historique de la guerre Révolutionnaire, en costumes et chapeaux à plumes, avec odeur de poudre, accent anglais et feux de camp. Article publié ce matin dans le Daily Tar Heel

http://www.dailytarheel.com/content/hillsborough-re-enactment-depicts-revolutionary-war

Write or die! Happy Mondaze

Poum poum poum. Une nouvelle semaine qui commence.
On n’a toujours pas réussi à attraper les ratons-laveurs qui crapahutent dans le grenier.
Ce qui devait être le week-end le plus productif de l’année a finalement disparu dans une nuit de 18h, la constitution de listes de choses « à faire » qui traînent depuis des mois, des petits dessins dans la marge et une partie de beer pong… Et une reconstitution historique de la guerre Révolutionnaire à Hillsborough pour le Daily Tar Heel, l’article est publié demain avec une photo.
Nous sommes le dimanche 21 février, ça fait six mois d’Amérique, déjà. Ca passe beaucoup trop vite. Le compte à rebours commence, plus que 2 mois ici, il y a tant de choses que j’aurais voulu faire — monter à cheval dans les montagnes, apprendre à tirer au pistolet, écrire plus d’articles, perdre complètement mon accent, devenir une folle de fitness, aller dans l’Ouest… Est-ce que je peux appuyer sur « reset » et recommencer mon année? Je veux pas revenir.
Sans transition. J’ai découvert LA solution ultime pour les procrastinateurs chroniques : un outil Internet qui vous force à écrire un nombre de mots en temps limité. Si vous restez plus de 5 secondes sans taper un mot, l’écran devient rouge et vous entendez une musique insupportable qui vous donne immédiatement envie de retourner tripoter votre clavier. Ca s’appelle « Write or die » (Ecris ou Meurs!), c’est ici. En fait il  faudrait l’améliorer en proposant un service de blocage des comptes gmail/facebook/vdm/flickr pendant toute la durée d’écriture, voire, dans les cas les plus extrêmes, une équipe de choc qui viendrait vous attacher à votre chaise et vous enfermer dans une salle tout seul jusqu’à ce que vous ayez terminé vos devoirs.
Sur ces bribes décousues, je vous souhaite un joyeux lundi matin quand même, ou plutôt un joyeux Mondaze —  mélange entre « Monday » (lundi) et « daze » (hébétement, ahurissement).

L’avenir du grand reportage est dans le charity business

Avant-hier, je vous demandais votre avis sur « Intended Consequences », un reportage multimédia sur les enfants nés de viols commis pendant la guerre du Rwanda. « Intended Consequences » a été largement salué et récompensé par des prix prestigieux (NPPA’s Best of Photojournalism, Pictures of the Year international…)

Brian Storm, le patron de la société qui produit ces reportages, a affirmé que nous avions devant nos yeux « l’avenir du journalisme ».

Plus j’y pense, et plus leur travail m’énerve : dans le fond, dans la forme, dans ce qu’il révèle de la société américaine.

Je hais ces vidéos. Je hais cette  conception du journalisme. Je hais les procédés utilisés.

Je ne parle pas ici de la télé-poubelle, des magazines people, de MTV, de Fox News et tout ça. Mais de cette tendance «du grand journalisme » à l’américaine, basé uniquement sur du storytelling. C’est ce qu’apprennent les élèves de la School of Journalism at UNC-Chapel Hill, censée être la « meilleur école de journalisme du monde ».

Bien sûr, la réalisation, le montage et les photographies sont d’une grande qualité. Jonathan Torgovnik a fait preuve d’une très belle technique et de qualités d’écoute indéniables.

Je ne suis pas un monstre; bien sûr que j’ai été bouleversée par les témoignages de ces femmes. En cela l’équipe de MediaStorm a atteint son but.

Mais les procédés utilisés dans le montage et la manière de présenter le sujet sont pour moi une trahison du métier de journaliste.

Ce qui m’a écorché les oreilles tout de suite, c’est la musique. Tout le reportage est accompagné d’une mélodie en mineur au piano avec violons synthétisés. La musique remplit ici un rôle évident de dramatisation et de mise en scène. La musique a-t-elle a lien avec les histoires qui nous sont racontées? Non. C’est une musique composée tout exprès pour le public américain, destinée à amplifier les émotions ressenties, comme pour dire: vous avez bien compris que c’était triste, hein? C’est le même mécanisme que celui des rires pré-enregistrés dans le sitcoms.

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Bières, hidjab et épées

Salut. Il est 02h14 du matin.

J’ai passé la soirée à regarder Thomas Le Guillou disputer ses matchs d’escrime contre les Dookies (les étudiants de Duke University, nos ennemis jurés.)

J’ai pas tout compris, ce qui ne m’a pas empêchée de crier avec enthousiasme des phrases stupides du genre « Barbapapa! » et « Vas-y Thomas défonce-les!!! ». Thomas est super fort, il a été champion d’escrime de France l’année dernière et du coup tout le monde l’adore ici. Et je dois avouer que malgré leurs casques et leurs chaussettes ridicules et leurs prises électriques qui sortent de leur t-shirt, c’était quand même bien drôle de le voir jouer.

Parce qu’en plus il a gagné (il est vraiment super fort, je vous dis). Du coup, pour fêter ça dignement, on est allés faire la fête chez ses copains d’escrime. Et on a joué au Beer Pong.

Joie, ivresse et accomplissement ce soir: j’ai ENFIN appris à jouer au Beer Pong, qui, comme son nom l’indique, se joue avec de la bière et des balles de ping-pong.

En gros ça ressemble à ça :

Il faut lancer sa balle dans les gobelets de ses adversaires pour que ceux-ci puissent boire.

Mis à part le fait que la bière était franchement ignoble, on a bien rigolé, avec Thomas (on faisait des bruits de grenouille et on chantait Edith Piaf et « On est les champions » pour distraire l’équipe adverse, et on a gagné (c’est à dire qu’on a beaucoup bu).)

Entre le match d’escrime et celui de Beer Pong (qui a rendu le retour à la maison en vélo dans la nuit assez périlleux), j’ai passé deux heures au milieu du Congrès de l’Association des Etudiants Musulmans des Etats-Unis, et c’était plutôt drôle.

Je devrais aller me coucher, parce que demain, le photographe du Daily Tar Heel et moi nous nous rendons à Hillsborough pour assister à une reconstitution historique de la guerre d’Indépendance Américaine (avec fusils et chapeaux à plumes). J’ai hâte.

Have a nice day!

De l’avenir du grand reportage et des organisations caritatives

Trêve de pâtisseries et de ratons-laveurs.

Ca fait quelques jours que ça ne veut pas sortir de ma tête, ce que j’ai vu et entendu ce soir-là. Je tente de mettre le doigt sur ce qui m’a mis tellement en colère.

C’était avant-hier, à l’école de journalisme de UNC :  rencontre avec Brian Storm, directeur de la société de production MediaStorm, spécialisée dans le journalisme multimédia et les documentaires.

Dans un secteur médiatique en crise, MediaStorm s’en sort très, très bien. « On gagne des tonnes d’argent, » a répété Brian Storm. MediaStorm est présent sur tous les réseaux sociaux et sur toutes les plate-formes médiatiques – journaux, sites internet, I-phone, iTunes, télévision numérique, DVDs, édition.

J’aimerais vraiment bien que vous regardiez cette vidéo — pas besoin de la regarder en entier, cinq minutes suffisent pour comprendre :

http://www.mediastorm.org/0024.htm

Il s’agit d’un reportage sur les enfants nés de viols commis lors de la guerre au Rwanda, en 1991, sur leurs mères, et sur leurs relations.

Avant-hier, les élèves et les professeurs de l’école de journalisme de UNC ont écouté Brian Storm avec une extrême attention. Le silence dans la salle était quasi-religieux.

Pour eux, pour mes profs, vous avez devant vos yeux « l’avenir du journalisme ».

Je voudrais vraiment avoir votre avis :

Qu’en pensez-vous? D’un point de vue journalistique, moral, esthétique?

Est ce que cela vous donne envie de donner de l’argent? Est-ce que vous auriez envie de voir plus de reportages comme celui-ci à la télévision?

(Pendant ce temps là, je prépare mes arguments. Ca me prend plus de temps de prévu, parce que plus j’écris, plus ça s’embrouille.)

Le ventre des poissons rouges

Un autre bout d’histoire. Toute ressemblance…etc

------- August Chocolate -------

After their week-end trip to Asheville in mid-August, the mother and her two children did not go out for two days. The heat made them all lazy and moody. Everybody had been eating spicy Pringles and Milka rice chocolate in bed, taking small naps all along the day, because time goes by quicker when you sleep.

On the first floor, the daughter was reading Harry Potter and the Half-Blood Prince for the fourth time in two months, lighting a Camel filter occasionally. She scratched her hairy armpit, then sniffed her fingers, because she liked the smell of her own sweat. On the second floor, the son was playing World of War craft on his computer.

From time to time, the cat was mewing, because he wanted to go outside. For some reason, they all had fattened at the same time, the daughter, the mother, the son and the cat. In the adjacent bathroom, the giant goldfish was floating, belly up. Nobody had noticed it yet.

The wooden staircase cracked as they all went down to the kitchen. It smelled like rotting garbage and cat’s urine. The cat’s litter was full, so he had peed on the green linoleum. “Assholes,” thought the mother. She looked at them: the fat dumb cat, the daughter, her stale cigarette odor, and worse of all, the son. Parasite! She glanced at him. He had greasy blond hair, a flabby stomach coming out of his pajamas pants, and fatty shoulders covered with acne pimples. She clenched her teeth. “Stand up straight, for God’s sake, you stupid jerk,” she said, raising her hand.

She thought he was going to hit her but instead he ran against the door and broke the window pane with both hands. There was blood everywhere on the new linoleum. His hands and his wrists had a really weird angle.

He gave them a surprised look. Nobody was crying yet.

Une araignée dans le plafond?

Non, une famille de raton-laveurs qui vivent dans le grenier. On les entend tôt le matin qui grignotent la charpente.

Quand les filles m’ont dit ça, j’ai fait ‘oh, c’est trop mignon, des ratons-laveurs! (comme la peluche de mon frère quand il était petit) On pourrait leur donner à manger, et leur apprendre à faire du hoola-hoop’

Elles ne trouvent pas ça mignon du tout. D’abord ici ça s’appelle un « racoon » : c’est dégueulasse, ça transmet la rage, ça bouffe la charpente et ça creuse des trous dans les murs.

Ce matin une équipe de chasseurs ad hoc a débarqué avec des filets, des pièges et du poison. Ils sont dans le grenier.

Quand les Tar Heels ont été champions des Etats-Unis l’année dernière…

Vidéo filmée depuis les toits de Chapel Hill :

Hé bébé t’as pas un 06?

Hier, l’exercice dans mon cours de Creative Writing c’était créer un dialogue contenant le plus de clichés possibles, afin que nous décourager à jamais de les utiliser dans nos histoires plus sérieuses.

Voici ce que j’ai fait:

_______ Monday night ____________

« Oh baby. I’m in love with your clear eyes, your small dolly hands and your soft skin that smells like flowers, » he said.

He pushed her against the wall and carried her on the bed. Mary grumbled.

«Your hair is like a wheatfield in the summer breeze…, » he said.

Mary burped.

« And your mouth has the sugary taste of honey candies… »

He lifted her skirt.

« Your father is a thief, he stole the most beautiful stars in the sky
to put them in your eyes »

Mary could not hold it any longer ; she vomited in the vase next to the bed.

______

Explication détaillée (suite à la réaction de ma Maman qui n’a rien compris) :

La réplique « Ton père est un voleur, il a pris les plus belles étoiles du ciel pour les mettre dans tes yeux » est le pire cliché de drague en France. Toute fille l’a déjà entendu des dizaines de fois, en mode robotique — puisque le mec qui le dit a certainement passé la journée à la répéter à toutes les filles qu’il croise (parfois, ça marche, paraît-il)

Bon, sauf qu’ici on ne drague pas dans la rue (de toute façon il n’y a pas de rues), enfin les WASP ils le font pas, à la place ils préfèrent les stratagèmes compliqués, les relations en mode contrat d’assurances, (d’où le succès des how-to books sur les relations amoureuses). Du coup, les filles de ma classe ont trouvé ça GREAT et SO ROMANTIC cette histoire de « ton père est un voleur… ».

French love power, je vous dis.

Jésus et les doughnuts

Cette nuit j’ai lu « Brownies, » une nouvelle géniale de ZZ Packer. Ca se passe dans un camp scout pour jeunes filles noires dans le sud des Etats-Unis. Une nuit, elles font une expédition punitive dans le camp scout voisin, qui accueille des jeunes filles blanches.

Les filles du camp Brownie sont chaperonnées par deux femmes sans âge vaguement dépressives: Madame Margolin et Madame Herdy, qui leur font chanter toutes sortes de chansons chrétiennes complètement stupides.

Extrait :

« No, no, no, » Mrs. Margolin said before anyone could start in on « The Friends Song. » « An uplifting son. Something to lift her up and take her mind off all these earthly burdens. »
Arnetta and Octavia rolled their eyes. Everyone knew what song Mrs. Margolin was talking about, and no one, no one, wanted to sing it.

« Please, no, » a voice called out. « Not ‘The Doughnut Song.’ »
« Please not ‘The Doughnut Song,’ », Octavia pleaded.
« I’ll brush my teeth twice if I don’t have to sing ‘The Doughnut –’ »
« Sing! » Mrs Margolin demanded.

We sang :

Life without Jesus is like a do-ough-nut!
Like a do-ooough-nut!
Like a do-ooough-nut!
Life without Jesus is like a do-ough-nut!
There’s a hole in the middle of my soul!

There were other verses, involving other pastries, but we stopped after the first one and cast glances toward Mrs. Margolin to see if we could gain a reprieve. »

[…] » from ZZ Parker, Brownies

J’ai vérifié auprès de filles de ma classe qui sont cheftaines dans des summer camp pour chrétiens, et la chanson existe vraiment.

American anatomy

En Amérique, en même temps que les cupcakes et les jeans taille basse, ils ont inventé un mot exprès pour ça :

Oui oui, cette chair disgracieuse qui rebondit allégrement sur la ceinture de nos jeans taille basse. On appelle ça un muffin top, en référence à la pâtisserie:

Kiss kiss coeur coeur

En anglais, le film de Disney « La belle et le clochard » s’appelle « The Lady and the Tramp« 
Ce qui nous donne donc l’expression américaine: « to lady and the tramp it » (partager un morceau de nourriture avec quelqu’un d’autre, et, par extension, s’embrasser)
Donc, en ces jours de guimauve rose bonbon saint-valentin gros ballons coeurs coeur coeur gnagnagna, je vous dis : « Come on, just Lady and the Tramp it! » (c’est plus classe que « Roulez-vous des pelles à vous en décrocher la langue », non?)

GO TAR HEELS! Go to hell, Dook!

Dammit!

Hier, les Tar Heels, notre équipe de basket adorée, a perdu face aux Blue Devils de Duke University. Enfer et dévastation.

Les fans pleurent, les profs font la gueule, le campus est en état de choc.

Pour bien saisir le traumatisme, il faut savoir que Duke et UNC, bien qu’étant situées à moins de 30 km l’une de l’autre, se vouent une haine intense depuis plusieurs générations.

Ainsi, à UNC, on ne dit pas Duke, on dit « Dook » (argot pour « gros étron puant »). Les étudiants de Duke, on les appelle les « Dookies » (“grosses merdasses”, donc).

Tous les Tar Heels vous le diront:  les Dookies, on les déteste. Ils sont arrogants, super riches, snobs, méprisants, bref, insupportables (et en plus ils ont une bonne équipe de basket)

La rivalité est en faite plus intéressante qu’une banale rivalité sportive. Il y a des tas de choses qui se jouent: la différence de classe sociale (Duke est une université privée, ses étudiants sont tous riches, alors que UNC est publique, 30% des étudiants viennent de familles qui vivent en dessous du seuil de pauvreté) et le conflit nordiste-sudiste (les étudiants de Duke viennent généralement de lycées privés de la Nouvelle Angleterre, alors que 80% des étudiants de UNC sont natifs de la Caroline du Nord). En fait c’est un peu comme entre l’Olympique Lyonnais et l’AS de Saint-Etienne (Clément si tu me lis…) Promis j’en reparlerai dans un prochain billet.

Bon, mais voici ce que je voulais surtout vous raconter :

Pour rajouter de l’enjeu au match, les rédactions des journaux des deux universités se lancent depuis 1990 le défi suivant: après un match Duke-UNC, le titre du journal de l’équipe perdante doit être imprimé aux couleurs de l’université rivale, avec le logo honni bien visible en dernière page  ET le titre suivant en une “Duke (ou UNC)  sont encore et toujours les meilleurs”.

Voilà qui explique pourquoi ce matin nous avons trouvé notre pauvre Daily Tar Heel complètement défiguré par le logo de Duke en dernière page et le titre colorié avec cet horrible bleu Dookie :

Et, encore plus blasphématoire:

Comme si tout cela n’était pas suffisamment humiliant, Andrew Dunn, notre rédacteur en chef, a  dû se rendre dans les bureaux du Chronicle (le quotidien rival) pour y déposer solennellement soixante exemplaires du Daily Tar Heel défiguré en endurant stoïquement les quolibets et les insultes de la rédaction du Chronicle. Aaargh.

Remarque, ça les change, parce que depuis six ans, ce sont les Blue Devils qui perdent, et le journal de Duke qui était obligé de se faire imprimer en Carolina blue, comme l’année dernière :

En arrivant je trouvais ça complètement con, leur histoire de rivalité.

Mais cinq mois au pays des Tar Heels, ça vous change une femme: moi aussi maintenant je les déteste, les Dookies! Go to hell, Dook!

Pour vous rendre compte de la démesure de ces matchs de basket, regardez cette vidéo :

Carnaval électoral à la sauce narval géant

Ces derniers temps, la grande affaire sur le campus, c’était la  « Student Body President Election Campaign » : la campagne pour l’élection du président des étudiants.

A priori, rien de franchement palpitant, ces élections étant au fond une bataille de personnalités, lesquelles semblaient s’être données le mot pour être les plus consensuelles et lisses possibles. CandyLand style.

Aucun enjeu politique n’est soulevé: personne ne remet en cause les milliers de dollars de frais d’inscription, les contenus pédagogiques, l’organisation de l’université…

Les débats portent plutôt sur des non-problèmes, du genre la sécurité des étudiants (alors que la ville est hyper-sécurisée) et les relations entre les fraternités et l’administration de UNC (palpitant). Rien à voir avec les élections syndicales comme en connaissent les universités françaises.

Depuis un mois, les pancartes multicolores ont envahi le Pit, la place centrale du campus, et dans la cafétaria, il ne se passe pas un jour sans que résonnent les cris et exhortations enthousiastes de supporters (je n’ose pas dire « militants »).

C’était parti pour être chiant à mourir. Mais Nash Keunes est arrivé, avec une campagne complètement délirante, qui visait surtout à ridiculiser l’élection et à se moquer des promesses des autres candidats.

Extraits de son programme :

– transformer le premier étage de la bibliothèque en aquarium géant pour y faire vivre un narval.

Narval géant

– rendre plus faciles les mots croisés du Daily Tar Heel (le quotidien du campus) pour que les étudiants se sentent valorisés quand ils commencent leur journée

– changer le nom de la ville, Chapel Hill, pour « Unaffiliated House of Worship and Secular Community Temple Mosque Center Hill. »

– « We are not in favor of grade inflation. Rather, we are in favor of grade hyperinflation. We want UNC to become the Zimbabwe of grade inflation. »

(NB: « grade inflation », c’est la tendance à la hausse des notes reçues par les élèves depuis quelques années, problème que connaissent toutes les universités américaines et dont beaucoup craignent qu’elle ne contribue à dévaluer les diplômes)

Le Daily Tar Heel ne savait pas quoi faire du « cas » Nash Keunes.

Quant aux autres candidats, ils étaient outrés — deux étudiants ont même créé un groupe Facebook « Ne votez pas pour Nash Keunes le 9 février! »

Malheureusement pour eux, le groupe anti-Nash a été pris d’assaut par les supporters de Nash, qui ont joyeusement posté des dizaines de commentaires sarcastiques du style: « Nash throws cats in front of school busses » ou « Nash is a terrible human being. I have personally seen him eat a baby. »

Bref, on s’est bien marrés, finalement. Merci Nash Keunes.

C’est fini, les résultats des élections ont été annoncées hier, Nash a fini 4e sur 6 dans la course à la présidentielle étudiante.

Supermanix

Cet après-midi dans mon cours de creative writing, il s’est passé un truc bizarre.

Le cours se déroule de la manière suivante : nous devons écrire, pour chaque séance, un petit texte de fiction, histoire de se délier les doigts.

Règle du jeu pour celui d’aujourd’hui: un texte court qui suivait le schéma « Ce que tout le monde sait de X / Ce que moi je sais de X ».

Après que j’ai eu fini de lire le mien, il y a eu un silence vaguement gêné puis tout le monde a éclaté de rire.

Je sais pas trop quoi en penser. J’y avais pas tellement réfléchi en l’écrivant mais ça a dû faire un peu bizarre mon histoire de play-boy qui simule ses orgasmes et qui va cacher ses capotes vides aux toilettes. Peut-être qu’on parle pas de sexe en classe, même quand c’est supposé être un atelier créatif? Peut-être que c’était mon accent?  Le prof, me voyant rougir, a juste dit « don’t be shy, don’t be shy », et il avait son petit sourire en coin indéchiffrable (je vais le prendre en photo vous verrez).

L’histoire est là:

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Superbowl

Chips à gauche, bol de sauce à droite, les fesses bien calées dans le canapé, bière ouvertes sur la table: hier avec mes copains c’était soirée Superbowl (championnat de football américain), comme pour 100 millions de personnes dans le pays. Plus d’un tiers de la population américaine a suivi la finale de la coupe de football américain  hier!

Bon alors je comprends toujours rien à leur jeu (il y a une histoire de ballon et de lignes). Tout le plaisir vient de regarder les joueurs trottiner dans leur combinaison improbables, leurs fessiers avantageusement serrées dans des pantalons moulants dorés  assortis à leurs épaulettes. Donc pendant trois plombes  ils courent et ils se rentrent dedans, l’arbitre dit quelque chose, il y a des chiffres, les gens crient et pleurent et c’est fabuleux.

photo: Matt Soclum pour AP photo

Cette année, ce sont les Saints de la Nouvelle Orléans qui ont gagné. Gros plan sur le quaterback (le capitaine de l’équipe) qui pleurait de joie avec son petit garçon dans les bras. Ils ont tous bien remercié Dieu et dit que c’était leur destin, pis tout le monde a trouvé que c’était drôlement émouvant, cinq ans après l’ouragan Katrina tout ça.

Comme le jeu s’arrête toutes les trois minutes, c’est nickel pour diffuser des publicités pendant les innombrables pauses.

D’ailleurs le Superbowl est aussi connu pour ça: une compétition de publicités. Diffuser une publicité coûte tellement cher à l’annonceur (plusieurs millions de dollars pour 30 secondes de diffusion) qu’ils ne choisissent que les meilleures (ou les plus sûres, d’où beaucoup de spots avec des stars, des bébés et  des animaux (encore mieux, des bébés animaux!)

Microbe toi-même

Hier en cours d’espagnol le prof expliquait la cérémonie du maté en Argentine.

Le récipient passe de mains en mains et les participants boivent le maté avec une paille.

Gémissement dégoûté d’une fille de ma classe : « Pero es peligroso, porqué [prononcé poolquay] hay muchos, hem… what’s the word in Spanish? micrrrobes? »

Mais oui ma grande. C’est HYPER dangereux l’herbe à maté, avec toutes ces maladies et ces germes qui circulent.

D’ailleurs, les Argentins, ils boiraient bien leur maté dans des gobelets jetables en polyester désinfecté avec pailles en plastique stérile, s’ils le pouvaient. Ils n’attendent que ça.

Je les adore, les Américains, mais quand même parfois je rêve qu’ils meurent tous noyés dans une bassine de désinfectant pour les mains (kills 99,9% of the germs!!)

Branche le courant

Ryan Schude a des drôles d’idées. Des fruits pourris, des poissons morts dans des intérieurs immaculés, du ketchup, des enfants pas sages, des campings apocalyptiques.

Ce sont des images que l’on n’oublie pas facilement.

Elles sont là : http://ryanschude.com/

Qui a peur du grand méchant loup?

… Quand Sarah Frier, la chef de rubrique du Daily Tar Heel, m’avait demandé de trouver les endroits les plus sûrs où vivre hors du campus, j’ai refusé d’écrire l’article. Tout simplement parce que les statistiques sur lesquelles je devais me baser étaient trop imprécises: le classement n’aurait donc eu aucun sens.

Je les adore, mes petits camarades de UNC, mais leur côte parano me court un peu sur le haricot.

L’article a donc été remplacé par une colonne d’opinion (voir ci-dessus).

Remarquez le détail qui tue: l’alarmante carte google couverts de petits plots marquant les incidents répertoriés entre 2009 et 2010. L’image est publiée sans légende ni explication. Elle communique exactement le contraire de ce que j’essayais d’expliquer (en gros, qu’il n’y a pas de quoi s’inquiéter, UNC-Chapel Hill est extrêmement sûr.)

10 things I wonder about

Exercice en cours de Creative Writing.

10 Things That I Wonder About

By Bjorn Pedersen

  1. Why do people spend so much on coffins?
  2. Why can my phone accidentally dialing in my pocket access features I didn’t even know about?
  3. Why are room maximum capacity requirements so specific?
  4. Why do I indefinitely put off writing important emails?
  5. Why do people cut huge arm holes in their workout shirts?
  6. Why do all the environmentalists I know smoke?
  7. Why does my Chinese math professor pronounce “v”’s as “w”’s?
  8. Why don’t I mind working, but mind starting to work?
  9. Why do all the people who share my interests seem to be crazy?
  10. Why do people have to sit at the entrance to my dorm to discuss private things?

Je n’ai pas de talent

photo: Travis Drove

« Je n’ai jamais pensé que j’avais le moindre talent en photographie, mais j’essaye quand même, » nous a dit Travis Drove, lors de la rencontre mensuelle organisée par l’école de journalisme entre un photographe et les étudiants.

Quand tu entends ça alors que depuis une demie-heure défilent sur l’écran ses photographies, toutes plus incroyables et originales les unes que les autres et qu’il a publié un reportage dans National Geographic, t’as envie de lui dire : oh mon gars faut pas pousser, la modestie ça va cinq minutes mais bon…

Mais il est sincère, Travis Drove : en personne, comme dans ses photographies. Il a l’air de se demander ce qu’il fait là, à présenter son travail aux étudiants de UNC. Il a tout juste la trentaine, une bonne bouille.

Le photojournalisme n’est pas mort. Il y aura toujours des univers fous à explorer, des nouveaux mondes à comprendre, des choses merveilleuses à montrer.

Tous les reportages de Travis Dove sont ici : http://www.travisdove.com/

… dont un sur une communauté de skateurs punks du Midwest (dont la photo ci-dessus est extraite) et le résultat de ses 10 semaines de travail avec les moines du mont Athos en Grèce.

Miss America 2010

Intense expérience culturelle hier: avec mes colocs, on a regardé Miss America 2010 à la télé !

Même principe qu’en France, sauf qu’il est demandé aux candidates de faire un peitt numéro artistique.

La plupart choisissent de chanter ou de danser, d’où un fou rire mémorable avec mes colocs devant les chansons toutes plus mièvres et stéréotypées les unes que les autres: Miss Kentucky avec son tutu ridiculement court et son numéro de ballet, Miss Hawaii et son collier de fleurs local, Miss Virginia et ses trémolos imitation opéra, le tout sur les applaudissements hystériques du public.

Le plus drôle étant quand même la séance de questions « par des vrais Américains de Las Vegas »  où le but est de donner la réponse la plus consensuelle possible: « – Qu’est-ce que vous pensez de l’aide envoyée à Haïti? » « – Je trouve que c’est bien! Je suis fière d’être Américaine et je pense qu’il faut défendre la liberté! Si je suis élue, je respecterai ces valeurs! »

Ce sont souvent des filles du Sud qui gagnent, parce que les concours de beauté sont plus populaires dans le Sud. Certaines y participent depuis qu’elles sont bébés… comme dans le film Little Miss Sunshine.

Les critères de beauté sont les même de part et d’autre de l’Atlantique: cheveux longs, pas un poil de graisse, grandes, jeunes.

Je ne sais pas bien pourquoi on regarde ça. C’est triste à pleurer, toutes ces filles crispées. Elles font vaguement penser à des dindes élevées en batterie, rasées au bec à gaz, serrées dans leurs robes satinées, débarrassées du moindre défaut, bien dressées. Alors, pourquoi?

L’heureuse élue gagne un an de bourse pour étudier dans l’université de son choix et l’obligation de faire le tour de toutes les organisations de charity business possibles et imaginables, pour des enfants malades, la plupart du temps (c’est bien, ça ne choque personne).

Expérience culturelle 67 – Des crevettes au beurre

Soirée hier à la maison.

copain 1 : « Yeah, I like the chick, but she’s kinda butterface… »

moi : – …?

copain 2 : – Ha ha ha. A BUTTER-FACE. A BUT-HER-FACE. Everything looks good but her face.

moi : – ha ha ha

(traduction : but her face = sauf sa tête)

moi : – En français on dit que c’est une crevette. Parce que tout est bon, sauf la tête.

(laughters)

L’état d’urgence déclaré à Chapel Hill

« Le maire Kleinschmidt déclare l’état d’urgence à Chapel Hill alors que la ville se prépare à affronter de 7 à 15 cm de neige. »

Ouh la la la.

Commentaire d’un étudiant sous l’article : « 3 to 6 inches is an emergency IN BED »

(ouarf ouarf ouarf)

Apocalypse snow 2

Depuis hier, il neige sans faire de bruit. Le campus est en état de siège. Les bibliothèques sont fermées, les fêtes annulées, les bus ne circulent plus. Aucune voiture ne passe sur la route à côté de ma maison.

Hier il faisait doux, on ne portait même pas de manteaux.

J’écris toujours pour le Daily Tar Heel. J’admire les chefs de rubrique, qui trouvent toujours moyen de remplir le canard.

Ainsi, hier j’ai trouvé un mail de Tori dans ma boîte:

« Hiii giiirly!  ;) […] got a fun story for you this weekend […] we want to do a story about how ice cream places are affected by the cold weather. »

J’ai fait mes devoirs bien consciencieusement. J’ai maintenant 4 pages de citations. Patrons : « Oh yeah, c’est sûr on vend moins de glaces depuis qu’il fait froid. Mais les gens aiment toujours les glaces, alors on en vend quand même. », « On va sûrement fermer demain parce qu’il va neiger. »

Clients : « Ah oui mais non moi je mange toujours des glaces trois fois par semaine. » Client 2 : « Ca ne me dérange pas de manger des glaces en hiver si je les mange à l’intérieur, parce qu’il fait chaud. »

Comme j’ai rien à dire, je me tais.

The United States of America ™

La décision a beaucoup choqué ici.

Jeudi, la Cour Suprême des Etats-Unis a cassé les limites imposées aux entreprises privées en matière de financement électoral.

Celles-ci peuvent désormais financer directement les campagnes de communication des candidats, sans aucune limite dans les sommes qu’elles y consacreront.

Même Obama désapprouve l’arrêt des juges.

Il a qualifié leur décision de « grande victoire pour l’industrie pétrolière, pour Wall Street, les compagnies privées d’assurance maladie et tous les puissants groupes d’intérêts qui s’organisent tous les jours à Washington pour noyer les voix du peuple américain. »

Qu’est-ce qui est passé par la tête des juges? Ils sont gâteux? Vendus au grand capital? Non, ils sont sûrement plus soucieux de théorie juridique abstraite que de politique, même si ça n’excuse rien.

Les juges se sont attachés à l’interprétation du premier amendement de la Constitution (liberté d’expression), plutôt qu’aux conséquences pratiques de leur décision sur la démocratie américaine.

Cinq des neufs juges sont favorables à la décision.

Ils ont considéré que les entreprises devraient aussi être protégés par le 1er amendement.

« Les candidats devraient se mettre porter des combinaisons avec les logos de leurs sponsors imprimés dessus, comme celles des champions automobiles!. Comme ça on pourrait voter pour le candidat sponsorisé par notre entreprise préférée!, » a ironisé un lecteur du New York Times.

J’ai pas l’impression qu’on en ait beaucoup parlé en France, si?

Je n’ai pu trouver qu’un article d’Eric Chalmet dans la Tribune et une dépêche AFP publiée dans le Figaro. Rien dans le Monde…

Parano à Candy-Land 2 : La carte des délinquants sexuels

Frank Thomas vit à quelques rues de chez moi. Il a une cicatrice sur la joue droite. Il est blanc. Il mesure 1m86 et pèse 82 kilos.

En 1973, il a été condamné à 29 ans de prison pour viol.*

Je ne l’ai jamais rencontré Frank Thomas. Ni lui, ni aucun des 17 délinquants sexuels qui habitent près de chez moi, d’ailleurs.

Il m’a suffit qu’une simple visite sur le site internet du registre régional des délinquants sexuels pour obtenir toutes ces informations.

A partir de n’importe quelle adresse, on peut obtenir une carte localisant le domicile des délinquants sexuels du voisinage.

Chaque point sur la carte relie à un profil détaillé des anciens délinquants sexuels avec photographie, âge, taille, poids, race, pointure, cicatrices, tatouages, crime, date du crime, adresses depuis la mise en liberté…

Il existe aussi un registre national des délinquants sexuels.

Ces fichiers existent depuis 1996.

Choquant? Terrifiant? Violation des libertés? Je suis bien d’accord.

Mes amis américains, eux, n’y voient aucun problème. Ils m’ont dit que cela les rassurait.

Je ne comprends pas bien l’utilité d’un tel fichier, encore moins celui de la carte: entraîner les enfants à reconnaître les anciens délinquants sexuels du voisinage?

__

* j’ai changé les noms et les informations

Qu’est-ce que je vais pondre?

J’ai trouvé un nouveau mot génial : to broode –> brooding –> broody

Je boude pas, je broode.

To broode veut à la fois dire :

1. couver un oeuf

et

2. broyer du noir, ruminer.

crak.

Choc photographique

Tout à l’heure, en travaillant pour mon cours de photojournalisme, je suis tombée sur ça:

N’est-ce pas GENIAL? de la photographie politique

Les photographies sont extraites d’un travail d’Olivier Culmann: « Une vie de poulet ».

Une vie de poulet. Des vrais poulets et des soldats. Même destin.

Ca m’a retourné. Tout ce qu’il a fait est génial, mais celui-là…

Je me permets de reproduire son texte, ici:

« C’est une ligne droite dont ils ne peuvent dévier. Poulets et appelés la suivent inexorablement. L’écho était si troublant entre ces deux reportages, réalisés à deux ans d’intervalle, qu’il fallait les rapprocher. L’un, sur l’industrie du poulet, réalisé en 1998, répondait à l’autre, sur les derniers appelés du contingent, en 1996, quelques mois avant la fin du service militaire obligatoire. Le dialogue entre ces deux séries d’images n’était pas programmé. L’envie constante de m’approcher au plus près de mondes qui, a priori, m’ennuient et me fascinent, m’effraient et me révoltent, m’avait pourtant attiré vers ces deux univers, conditionnés à l’extrême.

Accrochés par les pattes, saignés, plumés à une vitesse vertigineuse, les volatiles destinés à finir sous cellophane dans un rayon frais de supermarché sont une image troublante de l’accélération folle, écervelée, de notre monde consommable et consumériste. Les immuables étapes de la vie d’appelé, l’invariable rituel de leur quotidien sous les ordres ressemblent étrangement à ce non choix du volatile, à cette annulation du libre-arbitre qui préside au destin d’un poulet industriel et à l’expérience de soldat.

À la caserne et sur la chaîne, le processus de conditionnement confine à l’absurde, jusqu’à faire sourire devant le dérisoire spectacle de ces vies de poulets. »

Tout est dit.

Son travail est là : http://www.tendancefloue.net/ouverture_fr.html

(cliquez sur photographe–>Olivier Culmann–> Une vie de poulet)

Et on peut trouver son livre  ici

… il a aussi fait des travaux fabuleux sur la télévision, les Etats-Unis, les villes disparues… on peut les voir sur tendance floue.net

Parano à Candy-Land

UNC vient d’annoncer la mise en place d’un nouveau dispositif de sécurité.

Au début ça m’a fait rire: quand même, ces américains, ils sont pas croyables, avec leur fantasme du risque zéro.

Et puis ça m’a mise en colère.

UNC-Chapel Hill est l’une des meilleures universités du monde. Dans quelques années, ses étudiants vont être au pouvoir du pays  le plus puissant de la planète.

Et ils sont là, à flipper comme des malades de se faire attaquer ou agresser par les quelques malheureux clodos qui habitent ici.

Ils ont des caméras de surveillance partout sur le campus. Une police spéciale qui patrouille jour et nuit.

Sans oublier ces fabuleux poteaux d’appels d’urgence plantés le long des chemins : en cas de problème ou d’accident, il suffit de courir jusqu’au poteau le plus proche et d’appuyer sur le bouton pour que des secours soient envoyés immédiatement.

Le système « RaveGuardian » permet à la police de suivre l’itinéraire des étudiants qui le demandent grâce à leur téléphone portable, pour rappliquer en cas d’anomalie.

Mais ça ne leur suffit pas: les étudiants de UNC ne se sentent pas en sécurité.

C’est pourquoi UNC vient de créer SafeWalk : a partir d’aujourd’hui, tout étudiant peut demander à être raccompagné le soir jusqu’à sa résidence par deux « SafeWalkers », spécialement entraînés par la police et payés par l’université.

C’est vraiment jeter de l’argent par les fenêtres, et une nouvelle preuve de la déconnection totale des étudiants avec le monde extérieur.

UNC et Chapel Hill sont bien plus sûrs que n’importe quelle ville moyenne aux Etats-Unis.

Les statistiques le prouvent : en trois ans, zéro meurtre et zéro viol. Seulement huit vols et 25 « sexual offenses » (on ne sait pas bien ce que ça veut dire d’ailleurs: injures? propositions sexuelles?), dont 16 à l’intérieur des résidences même, pour une population de 30 000 étudiants. Soit un risque de 0, 02% de subir une « sexual offense » sur le campus.

Bien sûr, peu de gens ont osé critiquer le programme. La sécurité, c’est sacré.

J’avais déjà vu le paradoxe dans la banlieue de ma colocataire Corban. Sa famille vivait dans l’un des quartiers les plus sûrs de Charlotte. Ils étaient obsédés par leurs alarmes, leurs grilles et leurs portes blindées verrouillées à double tour.

Un autre symptôme de la paranoïa ambiante: pendant les élections municipales, l’un des candidats proposait très sérieusement d’interdire la mendicité à Chapel Hill et de déplacer le refuge pour sans-abri hors de la ville, afin d’améliorer les conditions de sécurité.

Le meilleur des mondes en noir et blanc

Hier, c’était le MLK Day — l’anniversaire de Martin Luther King Jr, férié aux Etats-Unis.

J’ai donc assisté pour le Daily Tar Heel aux célébrations organisées à Chapel Hill par le NAACP (National Association for the Advancement of Colored People).

Le plus intéressant, après le petit meeting propret et la marche de circonstance, c’était la cérémonie, qui s’est déroulée à l’église.

Curieux mélange politique+religion, d’un point de vue européen. En même temps, ce n’est pas franchement nouveau: MLK était pasteur, et de toute façon il n’existe pas d’autre endroit dans une ville typique américaine pour faire un meeting que dans une église.

Pas de place de la mairie, pas d’avenues à bloquer, pas d’espace public à proprement parler.

Bon, heureusement, c’était bien moins chiant qu’une messe catholique. D’abord, les gens rient beaucoup. Ils applaudissent, se lèvent spontanément, agitent les bras, disent « Yes sir », « oooh well », « amen » pendant les discours. Il y a de la musique et des vidéos et des blagues.

Du coup les deux heures et demi sont passées assez vite.

Les « Amen » alternent avec les « Fire it up! Ready to Go! », les sermons des révérends avec les interventions politiques.

Je n’ai pas regretté d’avoir enduré trois heures de discours assez convenus, type MLK était un grand homme, tous ensemble, noirs blancs et jaunes, aimons-nous les uns les autres, paix justice et égalité. Le plus intéressant est venu à la fin, lorsque deux activistes du NAACP ont commencé à parler de comment le pays était en voie de re-segregation.

Ainsi, les quartiers noirs traditionnels de Chapel Hill disparaissent peu à peu sous la pression immobilières des riches blancs qui viennent s’installer ici. Cela joue sur la composition des écoles publiques, qui mélangent de moins en moins les noirs et les blancs.

Le mécanisme est simple: il joue sur la classe sociale, mais revient de fait à une reségrégation raciale (puisque la majorité de la population pauvre ici est noire).

Ils étaient pas très contents, au Daily Tar Heel, quand je leur ai apporté mon article, qui traite essentiellement de cette resegregation. Ils ont trouvé que c’était trop « biaised » (partisan). Ce qui me met toujours en colère… Comme si la rédaction du DTH n’était pas complètement biaisée, de nature. Il n’y a qu’à voir la salle de rédaction, en grande majorité des enfants des classes moyennes et supérieures blanches. Ca ne les empêche pas de croire qu’ils savent ce qui est objectif et ce qui ne l’est pas, ce qui est digne d’être rapporté et ce qui doit être passé sous silence. L’objectivité est souvent un prétexte bien pratique pour taire ce qui dérange.

Mais bref, l’article est là, et il était en première page du DTH ce matin, yeah! :

http://www.dailytarheel.com/content/mlk-rally-discusses-racial-equality-goals

Paperasserie et tramités

Parlez-moi encore de visa et je vais vomir.

Je hais les frontières, les décrets et les administrations de tous les pays et leurs réglementations à la con.

Je veux dire : je les haïssais déjà avant, par principe. Mais là je commence à comprendre physiquement le temps qu’on gaspille dans une vie à obtenir des papiers,  à essayer de faire venir légalement son amoureux/se étranger dans son pays, à chercher des moyens de travailler, des stratagèmes pour rester plus longtemps dans le pays que l’on aime, tout ça parce que l’on est né ailleurs.

Pas que je pleure sur mon sort, hein — elle n’a rien de comparable aux milliers de personnes menacées d’expulsion ou de mort dans leur pays d’origine que la France renvoie à coups de charters ou tous ces couples mariés condamnés à vivre à des milliers de kilomètres l’un de l’autre à cause de réglements absurdes.

La mauvaise nouvelle, c’est qu’au terme de trois mois d’efforts pour comprendre les lois américaines de l’immigration, de multiples visites au bureau des étrangers de UNC, JE NE PEUX PAS FAIRE DE STAGE AUX ETATS-UNIS.

Enfin, techniquement, c’est possible. A condition de payer une association un petit millier de dollars pour qu’ils sponsorisent ma demande de visa de stagiaire.

Et puis j’ai aussi appris que c’était mort pour avoir une bourse de l’association Zellidja — il faut passer un oral en France mi-mars.

Mon plan qui était, idéalement : terminer mon année à UNC en mai — faire deux mois de stage dans un journal américain — partir un mois au Chili/en Argentine avec une bourse de l’association Zellidja — rentrer à Paris en septembre — tombe donc à l’eau.

Je cherche des plans B. Toujours cette histoire de carottes en Patagonie.

Pour les étudiants aux Etats-Unis avec un visa F-1 qui souhaitaient faire un stage, les explications détaillées sont là :

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Pouet-pouet camembert

Ce fabuleux site est destiné à apprendre aux étrangers à bien communiquer non-verbalement en France.

Par exemple : « s’en jeter un derrière la cravate »

ou encore :

Learn about French gestures – Shut your mouth!

When you want to say « shut it » or « shut your mouth, » the ferme-la (aka clapet or le camembert) gesture will get the point across.

Hold your hand out in the shape of a C and then squeeze the fingers and thumb together.

Register – familiar

Sors-moi ta sève qu’on voit ce que tu as dans le ventre

Hier, j’ai écrit mon premier texte  pour le cours de Creative Writing.

L’exercice : un texte de 500 mots maximum, utilisant une métaphore filée : “si je suis ceci, alors tu es cela”

Ecrire de la fiction en anglais est une expérience étrange.

C’est comme si je faisais de la calligraphie les yeux bandés, comme si je jouais du piano avec des boules quiès. Mes sens sont brouillés, je trace mes phrases en aveugle.

Dans ma langue, je commence à entendre ce qui sonne juste, je sens comment les mots peuvent s’acoquiner, se mélanger, se désaccorder.

Ce sont mes crayons de couleur, usés et mâchonnés. Ils ont une profondeur et une histoire. Ils traînent des souvenirs personnels, des images et des voix familières… Ce sont les mots de ma sœur, de mon père, de ma mère, ceux des chansons, de  l’école et des journaux.

Au contraire, l’anglais m’est encore insondable. J’y flotte.  Je ne sens pas comment les mots sonnent ensemble. Mes mots anglais n’ont pas de résonance ou de profondeur  – pas encore, je sais, c’est normal, après tout cela ne fait que cinq mois que je suis ici.

Bref, j’étais passablement mal à l’aise quand j’ai donné mon texte à lire à toute la classe — exactement comment si je devais chanter les oreilles bouchées les yeux fermés pour un public qui lui ne les a pas (les oreilles bouchées).

Nous sommes tous en cercle et nous écoutons le professeur Naumoff lire nos textes. Tout le monde meurt de trouille, les gens font semblant de regarder par la fenêtre ou d’examiner leurs ongles quand c’est à leur tour d’être lus. Il y en a eu de très drôles, des élaborés, des un peu attendus (genre, « mon grand-père est un chêne  immense qui ne tombera jamais, il abrite le petit saule que je suis »), des auxquels je n’ai rien compris (le coup des références télévisuelles des années 90, encore…)

Après chaque lecture, tout le monde doit critiquer. Du mien, les autres ont dit que c’était « nicely written » , une fille a dit qu’elle aimait bien l’image des racines qui dansent dans la terre, et Naumoff a dit “I love it. » — mais je le soupçonne de francophilie excessive – vous auriez vu sa tête et ses yeux brillants quand il a vu mon nom sur la liste le premier jour : “You’re French? I love French people!”

Voilà,ce sera probablement le cours le plus difficile et laborieux de toute ma vie, mais je suis très heureuse d’y être. J’ai hâte d’apprendre, hâte que mes oreilles s’ouvrent à cette langue étrange, et très faim d’écrire.

Le texte d’hier est là :

I am the young apple tree among the other trees, and you – a careless gardener.

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New York encore — après c’est promis je regarde droit devant

Harlem Carnaval — New York

Le 6 janvier, faute de galette des rois, nous sommes allés au carnaval de Harlem.

Ce vieux tout fou dansait au milieu des enfants et des marchands de barbapapa, dans le soleil du matin. Il tenait un chien dans ses bras, peint de toutes les couleurs.

Les rois mages en carton défilaient avec les enfants et les jongleurs.

Sur le côté, entre la police et les chars, un improbable bonhomme sur son vélo diffusait des comptines portoricaines.

I wanna buy you flowers…

Quand j’ai fait remarqué à mes copains qu’on pouvait pas trouver de fleuristes dans ce pays, ils ont dit : un fleuriste, mais pour quoi faire?

Je leur ai expliqué qu’en France il était assez courant d’offrir des fleurs ou d’en recevoir pour les fêtes, anniversaires, ou juste comme ça, pour faire plaisir.

Ils ont explosé de rire en disant que c’était « tellement français ».

Il est paraît-il ici du plus ridicule et ringard (« cheesy ») d’offrir des fleurs à son copain/copine.

Et demain y’a école…

Demain c’est la rentrée.

Mon professeur d’espagnol répond au doux nom de Iluminada — c’est pour ça que j’ai choisi son cours d’ailleurs.

Puis j’ai deux heures de Creative Writing, j’ai hâte de voir à quoi ça ressemble. J’ai bataillé pour pouvoir être inscrite dans le cours. C’est une spécificité américaine: l’idée que l’écriture ne dépend pas uniquement du talent et de la volonté d’un écrivain, mais aussi d’une technique qui peut se transmettre et s’apprendre.

Le professeur est Laurence Naumoff, un écrivain de Caroline du Nord.

Je redescends doucement de New York, c’est fou et excitant et j’irai vivre là un jour.

Tout à l’heure j’étais quand même bien contente de retrouver les routes désertes de la Caroline, ses sapins géants et son air humide, la maison verte, mes colocs.

Le frigo est plein, les bonnes résolutions sur le papier, sac à dos prêt.

A l’école-euuh, à l’école…

Des mots rigolos

Glanés dans East of Eden de Steinbeck, mes nouveaux mots préférés :

to malinger : faire le malade

quixotic : chimérique — je soupçonne que ça vienne de « Don Quichotte »

mirth : hilarité

et aussi, je soupoudre toutes mes réponses de phrases ridicules des années 80, genre « Cool Beeeaaans » (équivalent de « c’est cool Raoul ») et « Alright-y » sans oublier d’appeler tout le monde « honey » et « sweetie ».

CrackFrenchie

Alright.

Ca suffit maintenant.

(dit-elle en mordant dans un double-stuffed-chocolate-oreo, la main sur le verre de lait.)

Il est vital, pour mon nouveau jean slim et ma santé mentale, QUE LES OREOS DISPARAISSENT DE LA SURFACE DE LA PLANETE!

Méfiez-vous, ils ont l’air tous petits petits et innocents, posés comme ça sur le coin de la table…

Ils sont partout, dans tous les magasins, dans les petits étalages du métro, à la bibliothèque.

Et d’un coup, sans trop savoir comment, BAM! Vous êtes cuits.

Ho-ho-ho-ha-ha-ha — Le Yoga du rire

J’en ai encore mal aux côtes.

Hier soir Clément, Christian et moi sommes allés à une session gratuite de « Laughter Yoga », ou yoga du rire.

Pas qu’on s’emmerde, mais on s’est dit que ça avait l’air drôle – et pour cause.

Pendant une demie-heure, avec un groupe d’une vingtaine de participants, nous avons ri, à nous en exploser la mâchoire.

Dans le lot: une octogénaire lilliputienne bien sympa, un lycéen aux yeux exorbités, un couple cool, quelques dames sans âge, une grosse tatouée, des étudiants, un grand moustachu et l’inerrable gourou du rire Vishwa Prashkar.

C’est lui, là. Il a l’air sympa, hein?

Bon,  au début, on a un peu flippé… What the fuck we’re doing here again?

Mais ça c’est vite détendu, grâce à des exercices ridicules mais efficaces du genre : « Riez comme des chèvres » ou « imitez le rire du lion ».

Tous les participants commencent par se saluer les uns les autres en tapant dans leurs mains et en disant « ho-ho-ho-ha-ha-ha ».

(d’ailleurs, rien que d’y repenser, j’ai mal aux abdos…)

Et puis l’absurdité de la situation faisait que nous n’avions pas besoin de beaucoup nous forcer.

Les plus enthousiastes affirment que le yoga du rire soulage toutes sortes de douleurs, brûle des calories (400 par heure), soigne l’asthme et renforce les protections immunitaires.

Je ne sais pas trop quel crédit leur accorder.

Tout ce que je sais c’est que c’était EXCELLENT, on en est ressorti au moins aussi calmes et heureux qu’après une heure de jogging (ou un orgasme géant).

Ah oui, l’autre truc cool c’est que c’est pas une secte, en tout cas ça ne m’a pas paru religioso-spiritualo vaseux.

Plus d’info ici, et le club du rire à Paris est

Toi aussi tu peux être un soldat!

Tout à l’heure au cinéma on s’est pris ça dans la face :

Ca vaut le coup d’être vu, juste pour dire encore « Ah ben ils sont quand même pas possible ces ‘Ricains! »

Il s’agit d’un clip de recrutement pour la Garde National Américaine.

Du sang, des larmes, de l’action, des flingues et des héros, le tout sur une symphonie grandiloquente. On dirait une bande-annonce pour un blockbuster hollywoodien.

PS : On a été voir Sherlock Holmes, à cause de Guy Ritchie, parce qu’on avait adoré Arnaques, Crime et Botaniques. N’y allez pas, c’est MAUVAIS MAUVAIS MAUVAIS, bouh bouh, shame on you Guy Ritchie.

C’est pour ça que t’es grosse

Yummy !

« This why you’re fat » est un blog qui répertorie les nourritures américaines les ignobles. Elles impliquent généralement du bacon, de la farine, du ketchup, du beurre de cacahuètes, des sirops de maïs ultra-sucrés, du beurre, de l’huile, ou tout ça à la fois.

C’est là :

http://thisiswhyyourefat.com/

Enjoy, guys :)

Doggy style

Au fast-food new yorkais Shake Shack, un double cheeseburger, c’est 6 dollars 75.
Vous pouvez aussi acheter une gâterie pour votre chien : crème anglaise, beurre de cacahuète et biscuit.

A Central Park les chiens se promènent en doudoune colorée. Parfois l’humain au bout de la laisse a un manteau assorti.

Dans le métro new-yorkais habitent des femmes et des hommes abîmés. Ils demandent un dollar ou deux, traînent leurs pieds gonflés dans leurs chaussures trouées. Ils disent « God bless you and your family » et passent d’un wagon à l’autre répéter leur histoire. Nous faisons semblant de ne pas les voir.

God supermarket

Athées et agnostiques de tout poil, au pays où tout se mesure et tout se chiffre, il existe un outil pour que VOUS trouviez votre religion.

En 20 questions du site belief.net, l’ordinateur va vous dire quelle est la religion la plus proche de vos convictions :

blriblriililili

Hier, dans le bus pour Brooklyn, une grosse dame noire m’a demandé d’où venait mon manteau à poil longs. Du coup on a discuté un moment. Elle m’a dit qu’elle était pentecôtiste.

Dans la série folklore, les pentecôtistes « parlent en langue » (« speak in tongue ») : ça veut dire que le saint esprit parle à travers leur bouche quand ils entrent en transe. Ca ressemble à ça. Rigolo, hein?

Randommmm

– 15°C encore aujourd’hui. On s’est baladés avec Christian, Clément et ses copains américains dans Brooklyn.

Du coup, on a revu cet improbable magasin de surf. Île colorée perdue au milieu de grises usines désaffectées, the Mollusk Surf Shop est, selon son propriétaire, très populaire chez les japonais (?):

Eleanor Ridgby (All the lonely people)

Café clope  très tôt dans la rue, sous la neige qui tombe lentement, comme si le grand barbu effilochait des nuages du bout des doigts.

Il est huit heures du matin, Timothée et Rachel viennent de partir pour l’aéroport. Je voudrais écrire quelque part.

Dehors un homme me parle.

Il est huit heures du matin, l’homme vient juste de rentrer de la pharmacie où il travaille, un peu plus haut sur Broadway. Il est fatigué mais ne veut pas dormir. Il vient d’Afrique du Sud. Un grand sourire gentil, mais ses yeux ne se posent nulle part. Il envie de ne plus être tout seul.

Il fait froid, tu veux aller à Mac Do pour écrire?

D’accord. C’est pas de la drague, c’est pas lourd, une tranche de solitude soupoudrée de désespoir, un bout d’histoire à écouter, et puis j’ai le temps, alors…

Eric est tout seul, comme des millions de gens dans ces villes immenses. A New York comme à Paris, des millions de visages se frottent et se croisent, mais ne se touchent jamais vraiment.

Tracer sa route à coups de coude dans la foule le long des avenues, dans les couloirs du métro, tous ces humains autour de toi, sans que tu n’en connaisses aucun, sans personne à attendre.

Le soir ou le matin une fois fini leur travail, les gens rentrent tous seuls dans leurs appartements vides. Ils ont peut-être échangé quelques phrases pratiques en achetant leur café au Starbucks – un café sans caféine avec du sucre s’il-vous-plaît, il fait froid, bonne journée et merci, croisé le regard par hasard de milliers d’autres inconnus, tripoté leur téléphone portable sans avoir vraiment personne de l’autre côté. Tous seuls.

Eric vit depuis deux ans à New York. Il travaille. Soixante-dix heures par semaine. Quoi d’autre? Il rentre mort de fatigue chez lui, gagne de l’argent qu’il ne dépense pas et dont sa famille n’a pas besoin. Il regarde Ben et Jerry à la télé. Parfois il lit les petites annonces de CraigsList, mais n’écrit pas. Il aime bien les gens à son travail. Ce ne sont pas des amis.

Eric a dormi un petit moment sur la table du Mac Do, et puis il est rentré chez lui.

Love love love

Le poisson bleu du coloc de Clément est toujours dans son bocal.

Huit personnes dans l’appartement, festin de bagels au cream cheese et de café ce matin.

L’air est frais et sans nuages. 20 ans, en vacances, des rêves plein les mains, en pleine santé.

Bonne année!

Damages

Un cabinet d’avocats à New York, des intrigues embrouillées, un suspens insoutenable.

C’est la dernière drogue d’HBO : la série Damages. Ils sont vraiment trop forts ces scénaristes d’Hollywood.

On a passé la nuit à regarder la saison 2 avec Clément, et on regrette pas nos yeux explosés.

Current condition in New York, NY : 17°

On voulait se promener dans Greenwich village mais en fait non.

Dehors il fait -9°, je suis au lit avec Angela Davis — son autobiographie et des gavottes aux chocolat (merci Maman).

Dumbo

Minuit et demi ici, une partie de notre machine a mystérieusement disparu du lavomatic.

Trou dans le tambour? Mini-lutins voleurs de strings? Maintenant on a l’air con sans chaussettes et sans draps.

A la Neue Gallerie ce matin, restés la bouche ouverte devant les dessins de Kubin – début du 20ème siècle mais plein de monstres contemporains. Du difforme, du fantastique, comme ça :

et on s’en est aussi mis plein les yeux, des tableaux de Klimt et les esquisses de Schiele et tous leurs copains autrichiens torturés.

Traversée de Brooklyn Bridge en allant sur Manhattan, le vent glacé lessivait nos cervelles barbouillées de chocolats

Miss you

Aujourd’hui, Rachel et moi sommes restées enfermées dans la SIPA (l’école de relations internationales de Columbia), complètement déserte en ce dimanche post-Noël ensoleillé.

C’était volontaire, hein.

Rachel a ainsi pu disserter sur la démocratie à Athènes au 5ème siècle pendant que j’essayais de remplir mon dossier pour l’admission à l’école de journalisme : « Racontez une expérience extra-universitaire que vous vivez actuellement », « Quelles qualités pensez-vous avoir pour devenir un bon journaliste? », sans compter le terrifiant « Parlez-nous de vous. » et le ridicule « Racontez-nous, le plus concrètement possible, l’évènement déclencheur de votre vocation journalistique »

Dix cigarettes et trois heures plus tard, mon disque dur est défragmenté et j’ai presque répondu à tous mes mails et actualisé ma liste de livres à lire (167 tirets). Ce putain de dossier m’emmerde profondément et en fait, je me demande si je devrais pas plutôt ouvrir une maison d’édition de nouvelles érotiques women-friendly, entre un élevage de moutons en Argentine et une fabrique des cerf-volants (pour ne pas perdre de vue le bleu)

On a visité LE magasin de surf de Williamsburg, peint de toutes les couleurs, perdu au milieu des usines désaffectées. Et puis écouté de la musique bizarre – deux mecs qui faisaient mumuse avec des samples sur leur mac après un autre qui jouait de l’orgue — dans un bar (Zébulon, btw: NO ID REQUIRED)

love et joyeux noël

NYC Jour 6

A New York City il pleut. Ca veut dire qu’il fait moins froid.

En six mots : un musée, un bar, la pluie, un sex-shop, métro, cupcakes.

Urs Fischer au New Museum.

des masses d’aluminium sur le sol en béton ou des nuages en cire fondue.
Escalier
Concombre et carottes pourries sur le pas de porte
Une langue sort d’un mur en carton. Un papillon sur un croissant rassis suspendu au plafond. Il est interdit d’écrire dans le musée, mademoiselle.
Ascenseur
Des photos de céréales d’escarpins de jouets en plastique une poire moisie magnifiées collées sur des cubes miroirs. Nos visages se fondent dans un gruyère géant, des vieilles baskets, king kong en plastique en haut de l’empire state building.

Le vent renverse les parapluies, je ressemble à un chien mouillé dans ma veste en faux poils, mascara fondu sous les paupières et baskets dorées. Bonne journée

Meatpacking district

Comme les parents ne sont pas là, on fera Noël au moins jusqu’à la mi-janvier.

Aujourd’hui, entre les cadeaux (entre autres : Rachel a eu un homme en plastique qui double de volume dans l’eau (« grow a boyfriend »), Clément des fringues, Timothée trois kilos de bonbons et un slip Superman, moi de l’huile prodigieuse de Nuxe) et la demi-bouteille de champagne, on s’est baladé à la tombée de la nuit ans le Meatpacking District.

New York-Berlin pas si loin. Du fer de la brique du verre des affiches à moitié arrachées, jungle urbaine au stade de gentrification avancé.

Le pont de l’High Line Park se jette entre les immeubles de hauteurs inégales.

Charlie Chaplin en noir et blanc est collé contre un mur en brique, entre des affiches pour le concert passé d’un groupe d’avant-garde et le fard à paupières bleues de Marilyn Monroe. On a jeté nos mégots devant les hôtels contemporains ultra-chics, tours de métal et de verre, aux rooftops spectaculaires. High Line Park avec ses bancs en bois coulés dans le trottoir, ses plantes à moitié sauvages, ses barrières au-dessus de l’Hudson River.

Des lumières multicolores allument les galeries en fer forgé qui enjambent la rue.

Plus loin, au bord de l’eau, un immense building entre le cube et la pyramide, qu’on dirait fait de plastique blanc, tout transparent. Les immeubles les trottoirs et les routes s’enchevêtrent dans une apparente anarchie, finalement assez travaillée.

On s’endort la bouche pleine des chocolats Leonidas envoyés par ma grand-mère (merci Mamoune), du bon vin rouge de Chinon et du risotto aux cèpes cuisiné par Clément.

Des hommes bleus plein les yeux

A 1h20 du matin tout à l’heure, Clément, Rachel, Timothée et moi on faisait la queue dans un cinéma de Broadway pour aller voir Avatar, le dernier film de James Cameron, en 3D ET en I-max.

On en a pris plein la vue

La 3D est d’une précision extraordinaire. James Cameron et son équipe ont créé un bestiaire fabuleux — dragons, insectes, lianes fluorescentes, arbres géants, paysages fantastiques à couper le souffle (grandement inspirés du jeu World of Warcraft selon Timothée)

La technique et la créativité déployée suffisent à faire oublier l’histoire et les dialogues simplistes. En résumé : En 2154, les humains tentent de coloniser la planète Pandora, peuplés de Na’vi, des humanoïdes géants bleus-amis-de-la-forêt. Les humains détruisent la planète Pandora pour s’approprier les fantastiques réserves de *****, qui vaut des milliards de dollars.Mais la planète est sauvé in extremis par un autre humain, qui prend le parti des gentils Na’vi.

Bref, le dernier James Cameron, qu’il a mis 12 ans à réaliser, vaut vraiment le déplacement.

Bon, c’est vrai, plus américain que ce film, c’est pas possible.

Premièrement, de part la taille du projet, les moyens mobilisés (c’est le film le plus cher de toute l’histoire du cinéma) et l’orgie d’effets spéciaux.

Mais aussi dans le schéma narratif: conflit-combat-happy end-les gentils triomphent.

Et enfin, dans les angoisses et les mythes typiquement américains que le film utilise, à la fois anciens: Pocahontas, la culpabilité d’avoir massacré les Indiens, et contemporains: l’angoisse du réchauffement climatique et la guerre en Irak…

Mais bon, allez le voir, c’est absolument fantastique.

A part ça, le poulet aux pruneaux de Noël embaume tout l’appartement. Premier Noël sans les parents.

We all wish you a Merry Christmas.

Des cercles et des cubes et des lignes

Expo Kandinsky au Guggenheim Museum.

Comme toutes les choses belles, ça nous a reposé les yeux

Un, deux, trois hot-dogs. Galopé dans la neige

Dis bonjour aux écureuils

Le crépuscule sur les grattes-ciels qui brûle

La statue de la liberté toute petite au milieu de l’Hudson River

Les pensées glacées par le vent sur le ferry pour Staten Island

Traversée de Central Park apocalyptique

Soirée crêpes

A 1h20 du matin, on va tous voir Avatar en 3-D dans un I-Max géant — royaume du divertissement

Photojournalisme suite et fin

Reçu ma note finale en cours de photo: B-, et un A- pour le projet de fin de semestre.

En vrac :

– Miles from Maybe, le site de mon prof, Chad A. Stevens — regardez la section « Essays and stories », ses reportages sont impressionnants:

http://www.milesfrommaybe.com/?page_id=73

– une des plus belles photos qui aient été prises dans le cadre du cours, elle est de Jessica Crabill :

Vrac 2 : je serai à New York jusqu’au 9 janvier. Présentement chez Clément, avec ma meilleure amie Rachel et mon petit frère Timothée, qui sont venus passer leurs vacances ici — première fois aux Etats-Unis.

New York City day 1

– splotch

Evite les flaques de neige fondue qui se déguisent en goudron

La grande bibliothèque municipale

Un chocolat chaud au marshmallow

Le soleil sur l’or du Bryant Park Hotel

Le plafond turquoise de la gare centrale

Des montagnes de framboise et de morceaux d’ananas

Sapin de Noël du Rockfeller center

18 miles de livres à la librairie Strand, Broadway and 12th Street

Ravis.

(Un poireau se dit a leek)

Photojournalisme – suite

Un autre photoreportage de fin de semestre que j’ai beaucoup aimé, celui de Ryan Greene.

Jess Kaplan, 22, greets Moka, one of 13 tigers at Carolina Tiger Rescue in Pittsboro, N.C. Kaplan and two other keepers handle most of the care for the tigers and other wild cats, most of which were abandoned or were rescued from private organizations that went out of business.

Kaplan prepares buckets of deer meat, beef ribs and whole chickens to feed the animals. Surviving on donations, the non-profit Carolina Tiger Rescue’s facilities, like this outdoor freezer and prep shed, are far from glamorous.

Kaplan and another keeper, Lenore Braford, butcher a deer that will eventually feed several tigers. During deer season, hunters donate extra kills, and each tiger will get legs or a torso. « It’s a nice change from chicken, » Kaplan says. « It’s a real treat for them. »

Rajah enjoys the fruits of Kaplan’s labor as he eats his deer torso. He has been at it for hours, biting off bits of meat or licking off whole strips of the pelt with his tongue. « You ever feel a house cat’s tongue, how coarse it is, » Kaplan asks. « Imagine that, but a hundred times coarser. »

Having made her rounds, Kaplan prepares to head back to the office. After she checked in on several of the facility’s different wild cats, which include cervals, ocelots and binturongs, Rajah was Kaplan’s last stop.

Un pancake carbonisé

Salut! Pas de pancake matinal aujourd’hui, problème de connection, complications technologiques.

Je suis arrivée hier soir à New York, en pleine tempête de neige. Trente centimètres étaient tombés ce matin.

Photo: Damon Winter pour le New York Times

Heureusement, grâce à mes nouveaux poils synthétiques, je n’ai pas froid. (Adrian, ma coloc, m’a prêté une veste en fourrure noire)

Panique chez les bisounours

Au supermarché de Carrboro tout à l’heure, plus de lampes de poche, de batteries, ni de boîtes de conserve.

Les écoles ont renvoyé les élèves chez eux plus tôt que prévu.

A la radio locale, la nouvelle tourne en boucle:

Panique à bord! Rentrez chez vous! APOCALYPSE SNOW!

En vrai, il y a 1cm de misérable neige fondue par terre.

Le genre de détail qui me rappelle que je suis dans le Sud… Ca a fait beaucoup rire ma coloc Alex, qui vient du Massachussets (un Etat bien plus au nord, où les blizzards et tempêtes de neige commencent en novembre et finissent en avril…).

Je voulais mettre une photo, mais je vais devoir m’en passer pendant un petit moment, on dirait.

Le bridge que je m’étais payé avec mon premier salaire vient de lâcher ce soir. J’ai appris que je ne pouvais pas garder l’appareil photo réflex que m’avait prêté l’université pour le semestre.

Or, je m’envole pour New York demain après-midi.

Ca m’enrage, NYC et pas d’appareil photo, c’est trop bête.

Et puis sinon, je suis malade, rien de grave mais agaçant, ma gorge gratte et ma tête brûle – bizarrement, ça m’arrive toujours au début des vacances.

have a nice day

Photojournalisme – Projet de fin de semestre

……

Chapel Hill, N.C., October-December 2009

Retour à Candyland

Ce matin c’était verglas, honte et frustration – j’arriverais jamais à rien, je suis trop paresseuse et de toute façon à quoi ça sert, est-ce que je peux aller passer ma vie dans un lit avec des romans, un chat et des gâteaux aux chocolat ?

Et boum, d’un coup, les nuages ont explosé les uns après les autres.

A midi j’avais enfin fini mon paper de littérature qui traînait depuis des semaines.

A une heure j’ai reçu ma note finale en espagnol et en newswriting (B, ce qui est loin de la catastrophe annoncée).

Mais le plus fou, l’incroyable, c’était la fin d’après-midi: Chad Stevens, le prof de photo, a dit que mon photoreportage de fin de semestre était bon et visuellement intéressant Chad Stevens, le photofreak, l’homme qui m’a fait pleurer au début de l’année parce que je savais pas utiliser un mac, celui qui comprend pas que tu ne passes pas ta vie, tes journées et tes nuits à prendre, regarder ou éditer des photos, celui qui te parle plus quand t’arrives plus de 5 min en retard. Sweeeet

Magie magie, j’ai survécu à ce premier semestre de cours, même que ça me donne faim pour le deuxième. Et en plus, il fait beau.

Love

Aveugle aux couleurs

Dans mon bouquin de « Newswriting », où l’on apprend à « communiquer efficacement des informations aux masses », le douzième chapitre est consacré aux techniques et mots appropriés pour parler des « minorités ».

Un manuel de politiquement correct, en somme.

Ca ne me dérange pas de me conformer au politiquement correct – oui, je trouve ça mieux de dire « un Africain-Américain » plutôt que « un nègre ». Les mots sont importants.

L’un des conseils donnés dans le bouquin, c’est d’aller tester son niveau de racisme/anti-sémitisme/masochisme/autres types de préjugés sur Internet. Une équipe de l’université d’Harvard a développé des tests intéressants, c’est là :

https://implicit.harvard.edu/implicit/demo/selectatest.html

Les tests sont aussi disponibles en français, ici :

https://implicit.harvard.edu/implicit/france/

Bibliothèque

2h20 du matin ici, je reviens juste de la Davis Flash Rave.

A minuit, tous les étudiants se rassemblent dans la plus grande bibliothèque du campus pour dix minutes de danse sauvage, histoire de se détendre avant les examens.

Techno à fond, tous écrasés les uns contre les autres, tout le monde saute partout, c’est rigolo.

La vidéo a été faite par le Daily Tar Heel pour la Davis rave du semestre dernier, mais c’était exactement pareil tout à l’heure.

des bisous

Des mots pour le dire – part 1

Ces jours-ci, je vagabonde dans le Robert & Collins en entendant tomber la pluie.

Je m’enivre de ces adjectifs curieux dont semble regorger la langue anglo-américaine.

Par exemple, cantankerous (irascible), qui claque plaisamment contre le palais.

Ou encore, dampness et dankness: deux noms différents pour décrire l’humidité, l’une chaude, l’autre froide – on dira qu’une jungle qu’elle est damp, qu’un donjon qu’il est dank.

Mais la pépite de la journée, la voici :

uxorious [{revv}k{sm}s{revc}{schwa}r{shti}{schwa}s] adjective : excessivement dévoué à sa femme

uxoriousness noun uncountable:  dévotion f excessive à sa femme

Quelle drôle de langue.

J’ai passé quelque temps à chercher son pendant féminin. Sans succès.

Apparemment l’idée qu’une femme puisse être « excessivement soumise à son mari » est inconcevable.

En tout cas, l’idée n’a pas semblé mériter de mot.

FORMAL NOTICE

WTF? me suis-je dit ce matin en ouvrant ma boîte mail – « FORMAL NOTICE » en lettres capitales, ça m’a fait peur.

En fait, non, rien. C’est juste le président de l’Université qui nous souhaite de bonnes vacances de Noël, et un super lien pour envoyer des cartes de Noël électroniques customisées « UNC ».

Merci, Chancellor

Ici : l’une des cartes électroniques proposées, photographie de the Bell Tower, la tour de l’horloge, au milieu du campus.

Les cloches sonnent tous les quart d’heure, et à l’heure pile, elles jouent l’hymne des Tar Heels.

La neige, c’est pour faire joli, parce qu’en vrai, il pleut.

Jones Ferry Road

Au bout de la rue, tout à l’heure.

Tout va bien.

Bêbête

En anglais, on ne dit pas « jouer à saute-mouton ».

On dit « to leapfrog » : jouer à saute-grenouille (…) Ha ha ha.

A part ça, ce soir je squatte chez Christian et son frère Matt, qui partagent une chambre dans un dorm sur le campus, juste à côté de là où je travaille. Oui, parce que j’ai commencé à travailler comme vendeuse au Student Stores, ça va, merci, demain matin je commence à 7h.

Notre âge mental est diminué par trois quand on est ensemble.

Ce post est rédigé avec leur aide.

Ce soir j’ai considérablement amélioré mes capacités linguistiques.

Grâce à eux maintenant je sais qu’ici les chiens disent « roof roof« , les chats « meow meow« , les coqs « cackledoodle doo »,  les moutons « baaa baaaaaa », les vaches « moooo moooo« , les chevaux « neigh neigh » (???) et mon préféré :  les grenouilles disent « ribbit ribbit ».

Merci les gars.

Les enthousiastes du houla-hoop

Les hoola-hoopers de Carrboro s’entraînent l’après-midi, juste derrière ma maison.

Ce n’est pas pour faire du fitness : c’est une activité à visée spirituelle.

Rien de telle qu’une petite heure de houla-hoop pour se connecter avec son moi profond, se concentrer et s’élever plus près du ciel, paraît-il.

J’aime cette ville

Des virgules en série

WHO GIVES A FUCK ABOUT AN OXFORD COMMA?, s’exclame le chanteur de Vampire Week-end, dans cette fabuleuse chanson, qui je l’espère, distraira les pipoteurs au milieu de leurs final papers:

And what the fuck is an Oxford Comma? C’est le doux nom de la virgule que l’on place avant le « and » dans une énumération. Comme ça :

« An apple, a squirrel, and a tree »

So, who gives a fuck about an Oxford Comma?

Ben, ma prof de littérature, par exemple. Si t’oublies tes oxford commas : t’es mort.

Moins trois points à chaque fois.

Par contre en cours de newswriting (écriture d’articles), les oxford commas sont IN-TER-DI-TES. Les journaux, qui suivent le Associated Press Style (code de rédaction très précis), ne les utilisent pas, parce que ça prend trop de place.

Donc avis aux pipoteurs suant sur leurs final papers, dans les lueurs de l’aube, poursuivis par les monstres deadlines qui s’approchent dangereusement- leurs dents sont des aiguilles, leurs yeux sont des horloges :  DON’T FORGET YOUR OXFORD COMMAS.

La crise des vampires en Louisiane

Opossums écrasés sur le bord de la route, Ku Klux Klan, exorcismes, gospels, clubs de strip-tease glauques, marécages, maisons coloniales, moiteur, émeutes raciales, baptême évangéliste.

Le générique de la série True Blood condense les clichés du Sud des Etats-Unis en 1minute30:

Ouais, ok, tout ce sang sent un peu le lait caillé, puisque la série True Blood est sortie l’année dernière, n’empêche qu’elle est drôlement addictive, et toutes ces histoires de vampires et de marécages me donnent envie d’un roadtrip en Louisiane. Merci Clément de m’avoir rendu accro.

A propos de vampires, cet extrait de Concordance des Temps, l’émission de Jean-Noël Jeanneney sur France Culture* me gratte la cervelle depuis quelques semaines :

« Claude Lecouteux: Chaque film de vampire reflète peu ou prou les grandes tendances de son époque, que ce soit au niveau mental, religieux ou économique. Quand vous avez des périodes de crise, vous avez des vampires. C’est une sorte d’exutoire […]

Jean-Noël Jeanneney : Oui, bien sûr, le Nosferatu de Murnau (1922) c’est au moment de la première dépression allemande, au moment où l’Europe sort d’une terrible épidémie de grippe espagnole. Après la crise de 1929, on trouve le Dracula de Braunig, puis ensuite on trouve des personnages qui représentent la peur de l’immigrant, c’est clair chez Dreyer, juste avant la montée d’Hitler, etc etc

CM : L’intérêt du vampire notamment au cinéma voire dans la littérature c’est qu’on peut projeter sur lui tous les fantasmes possibles. […] Le vampire c’est le banquier. Puisqu’on est en pleine crise, on peut le dire, le banquier est un suceur de sang.

JNJ : Tout à fait.* Marx notamment emploie l’expression de « suceurs de sang » pour parler des capitalistes. Si vous considérez notre présent immédiat, vous diriez que le vampire sert comme métaphore de telle ou telle oppression que nous imposent les banquiers?»

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Classy burger

Dans la série news inutiles mais réjouissantes, on pouvait lire dans le Orlando Sentinel (Floride) aujourd’hui :  » Un homme de vingt-cinq ans a été arrêté aujourd’hui pour avoir jeté un hamburger à la tête de sa femme alors qu’ils se disputaient.

Selon la police, alors que Daniel Boss et sa femme se disputaient, celle-ci aurait versé du soda sur le hamburger de son mari. Boss a riposté en étalant le hamburger sur le visage de son épouse.

Elle a immédiatement porté plainte au poste de police voisin. Boss a été arrêté trois heures plus tard. »

NB: Ceci n’est PAS l’arme du crime, c’est juste pour faire joli

Le lundi, c’est crucifix

Depuis que je suis arrivée je me dis qu’avant de repartir il FAUT que je me fasse un church-trip.

Je crois que je vais commencer avec la Faith Tabernacle Oasis of Love International Church, ils ont l’air marrant.

Rien qu’à Chapel Hill – 54 904 habitants- il existe plus de cinquante lieux de culte chrétiens, qui font de la pub dans le journal et organisent des special events plusieurs fois par semaines : « Venez Dimanche à la White Rock Holy Church ! Petit déjeuner GRATUIT! »

Promis, dès que j’aurais le temps et le courage d’écouter les luthériens, les épiscopaliens, les méthodistes, les adventistes, les catholiques anglicans, les wesleyans et autres annonciateurs suprêmes de la bonne nouvelle universelle et de la croix sanctifiée, je vous raconte.

En attendant, pour vous autres mécréants qui vous rendez quotidiennement coupable de fornication, de blasphème voire pire, de SODOMIE*, battez votre coulpe et repentez vous, Amen.

Gagnez des points pour le paradis en jouant à la Wii, grâce au nouveau jeu « Mass We Pray » :

* selon le classement du Pit’s Preacher qui harangue les étudiants sur la place centrale du campus tous les jours entre 12h et 18h (pancake à venir)

Slush

SLUSH – ça veut dire neige fondue, et c’est aussi le bruit que fait une tête qui retombe sur un oreiller.

J’ai comme envie d’hiberner.

Aucun rapport avec la 80’s Dance Party à laquelle je me suis rendue hier soir, qui était très chouette.

Des filles et les garçons multicolores, en robe à paillettes et épaulettes, leggins léopard, baskets montantes et jeans moule-bite. Ca sautait frénétiquement sur « Boys Don’t Cry » des Cure et d’autres joyeusetés synthétisés en buvant du Coca.

Les moins de 21 ans sont tamponnés en rouge vif sur les deux mains, comme ça le barman sait qu’il peut pas nous servir d’alcool.

Au bout d’une heure j’avais ma dose des « autres gens ». Les soirées c’est beaucoup moins marrant sans mes copains Christian et Dylan. Donc je me suis sauvée de Bisounours Land pour aller les rejoindre, et on a comaté jusqu’à deux heures du matin sur le canapé défoncé en alternant entre programmes débiles à la télé et vidéos youtube.

A la télé en Amérique, on peut voir des spots de pub pour des godemichés, des combats de catch mexicains, le clip de Party in the USA (ENCORE!), des matchs de baskets et des pornos norvégiens non sous-titrés. Expérience culturelle, je vous dis.

A part ça, il est six heures du soir, CERTES je suis toujours en pyjama, OUI les exams c’est la semaine prochaine, MAIS je vais bien, la preuve, ma chambre est rangée ET j’ai fait la vaisselle.

Ami-e-s procrastinateurs, si vous me lisez : YOU’RE NOT ALONE

A propos de procrastination*, merci Rachel de m’avoir envoyé cette fabuleuse vidéo:

American humor

The Onion TV fait des parodies de talk-shows télévisés à hurler de rire.

Celui-là est excellent, ça m’a tellement rappellé Sciences Po et ses experts à la noix qui n’y connaissent rien:

In The Know: Situation In Nigeria Seems Pretty Complex

Capillo-tracté

Le sourire de la journée.

Jeff Mermenstein prend en photo des gens qui tournicotent leurs cheveux ou qui courent dans la rue.

C’est tout con, mais elles sont vraiment chouettes, ces photos toutes ensembles.

Il vient de sortir un livre.

C’est là :

http://lens.blogs.nytimes.com/2009/12/03/showcase-87/

Et pour les mordus, le blog photo du New York Times, « Lens », est un émerveillement quotidien.